Aide médicale à mourir: malaise autour de l’inclusion des personnes handicapées
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La décision d’inclure les personnes handicapées pourrait mettre en péril le consensus sur l’élargissement de l’aide médicale à mourir. Les partis d’opposition assurent que cette avenue n’a jamais été envisagée, mais Québec dit ne pas avoir le choix.
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Le ministre de la Santé a déposé mercredi son projet de loi qui permettra de faire une demande anticipée pour obtenir l’aide médicale à mourir, notamment dans le cas des patients atteints de la maladie d’Alzheimer.
Ainsi, une personne qui recevrait un diagnostic pourrait déterminer à quel stade de la maladie elle souhaite qu’on mette fin à ses jours, même si elle n’est alors plus apte à y consentir.
« Surprise »
Avec un peu plus de deux semaines de travaux parlementaires avant la fin de la législature, les partis d’opposition s’étaient dits prêts à collaborer pour une adoption rapide, puisque de nombreux groupes ont déjà été entendus lors des travaux précédents d’une commission transpartisane.
Mais ils dénoncent l’ajout sans préavis d’une possibilité pour une personne handicapée (quadriplégie, paralysie cérébrale, amputation après un accident, etc.) de se prévaloir de l’aide médicale à mourir. Dans ce cas, il s’agirait d’une demande « contemporaine » et non anticipée.
« Le handicap, c’est un enjeu dont on n’a jamais débattu au Québec », a souligné la députée péquiste Véronique Hivon, souvent qualifiée de « marraine » de la première Loi concernant les soins de fin de vie.
« On n’avait pas vu venir l’ajout de la possibilité pour des gens qui sont atteints d’un handicap neuromoteur d’obtenir l’aide médicale à mourir. Ce n’était pas dans notre rapport », a ajouté le solidaire Vincent Marissal, au diapason.
Pour Mme Hivon, cet ajout important « complexifie énormément » l’adoption du projet de loi d’ici la fin de la session parlementaire, puisque les associations de personnes handicapées devront être consultées.
Le libéral David Birnbaum qualifie également ce nouveau pan de « grand obstacle » à l’adoption du projet de loi. Le consensus n’a pas encore été démontré sur cette question au Québec, estime-t-il.
Harmonisation avec Ottawa
Mais le ministre Christian Dubé assure qu’il n’avait pas le choix d’aller dans ce sens, après les jugements Carter et Truchon, qui ont mis fin aux critères de mort raisonnablement prévisible et de fin de vie.
« On veut répondre à la loi fédérale, parce qu’on s’est retrouvé souvent, pour les médecins, dans une position un peu en porte-à-faux. Ils disaient : “On a à choisir entre le fédéral et le Québec” », a-t-il expliqué.