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Facebook et les tueries



C’est la faute aux profs. On devrait les armer. C’est la faute aux parents. Ils devraient apprendre à leurs enfants à se défendre. C’est la faute de la clôture. Elle n’était pas adéquate. C’est la faute aux fenêtres. Elles n’étaient pas teintées. C’est la faute des gens qui tiennent les fusils. Ils ont des problèmes de santé mentale.

Pas une fois, du côté des tripeux de guns américains, on a dit à qui c’était la faute pour vrai si des enfants sont morts. C’est la faute aux armes. Ou plutôt c’est la faute des sénateurs financés par la NRA qui bloquent tous les projets de loi visant à en contrôler la possession.

Comment ça se fait qu’un gars de 18 ans peut s’en aller au magasin et acheter deux AR-15 et des munitions ? Il ne peut pas, dans plusieurs États, acheter d’alcool, mais un fusil d’assaut, oui ?

L’inaction des plateformes

Le pire, il peut se prendre en photo avec et poster ça sur Facebook. On s’entend, ce n’est pas la faute à Facebook s’il y a des tueries. Mais ce serait vraiment naïf de penser que les médias sociaux ne peuvent pas jouer un rôle dans la prévention de ces tragédies. 

En point de presse, le gouverneur Abbott a révélé que le tueur, que je refuse de nommer, a écrit trois messages sur la plateforme avant de commettre son massacre.

Trente minutes avant, il a écrit qu’il allait tirer sur sa grand-mère. Puis, il a écrit qu’il l’avait fait. Quinze minutes avant d’arriver à l’école primaire Robb, il a écrit qu’il s’en allait tirer sur une école.

Meta, qui possède Facebook, précisera qu’il s’agissait en fait de messages privés. N’empêche. Trente minutes se sont écoulées entre le moment où le jeune homme publiait ses intentions et le moment où il a tué 19 enfants et deux profs. 

Modus operandi

Ce n’est pas un cas isolé. Lors de la tuerie de Christchurch, le tueur a diffusé ses actes en direct pendant près de 17 minutes sur Facebook. L’auteur de la tuerie de Buffalo a publié un manifeste de 180 pages sur les médias sociaux. Même chez nous, lors de l’attentat de la mosquée de Québec ou les événements de Dawson, il y a eu des traces sur les médias sociaux.

Si ces plateformes s’y étaient attardées, elles auraient peut-être pu sauver des vies. 

J’ai parlé avec Paul Laurier, qui s’intéresse au phénomène des tueurs de masse, et plus précisément aux signaux qu’ils envoient avant de passer à l’acte. Ce qu’il m’a appris est troublant.

Depuis Colombine, en 1999, on sait que ces gars-là correspondent à un profil et qu’ils agissent d’une certaine façon en ligne. 

La police le sait, les gouvernements le savent et les plateformes aussi. 

Pourtant, Facebook ne fait rien. 

À l’aide des algorithmes, on peut savoir que j’ai envie d’un chandail rayé et me proposer des pubs en ce sens. 

On peut aussi détecter en quelques secondes une photo qui enfreint les règles de la communauté.

Facebook peut faire tout ça, mais on va me faire croire qu’on ne peut pas détecter des publications comme celles qu’ont faites plusieurs tueurs de masse avant d’aller tuer des innocents ? 

Paul Laurier m’assure que oui. La technologie est là. 

Il manque la législation pour aller avec. 

Et ça, on règle ça avec du courage et de la volonté politique.







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