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Du LSD pour traiter des troubles mentaux: qu'entend-on par «thérapies psychédéliques»

Du LSD pour traiter des troubles mentaux: qu'entend-on par «thérapies psychédéliques»
AFP

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Le LSD n’est plus la propriété des hippies. Depuis le début de l’année, les cas d’utilisations de drogues psychédéliques prescrites pour aider les patients en fin de vie réveillent l’intérêt des thérapeutes, comme celui de Santé Canada. Ces substances offriraient des avenues prometteuses dans le traitement des troubles mentaux. 

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Abandonnées à la suite des différentes interdictions et mises au pilori dans les années 1960, les thérapies psychédéliques offrent de nombreuses avenues dans le cadre du parcours de soins du patient en fin de vie comme un patient aux prises avec une maladie chronique ou une situation mentale difficile. 

Qu’est-ce que la thérapie psychédélique? 

La thérapie psychédélique, parfois appelée psychothérapie assistée par les psychédéliques, est un type de psychothérapie utilisant des plantes et des composés pouvant induire des hallucinations pour traiter certains troubles mentaux, comme la dépression ou le stress post-traumatique. 

Plusieurs thérapeutes ont introduit en «occident» cette pratique. L’un des plus notables fut le Dr Timothy Leary. Essayiste américain, psychologue et ardent promoteur de l’usage et des bienfaits thérapeutiques et spirituels du LSD, le Dr Leary s’impliqua dans différents projets de recherche en la matière, à Harvard, de 1959 à 1963. 

Il popularisa même le slogan «Vas-y, mets-toi en phase, et décroche» (en anglais: Turn on, tune in, drop out).  

L’utilisation de ces drogues revient donc dans le giron médical, plus de 50 ans après le début d’une prohibition initiée par le Controlled Substances Act de 1971 aux États-Unis. 

Pour le chercheur en neurosciences à l'Université McGill et conseiller en sciences psychédéliques auprès d'OBNL, Alexandre Lehmann, Ph.D., trois grandes drogues sont utilisées à but thérapeutique:    

  • ​MDMA pour le traitement du stress post-traumatique   
  • Psilocybine pour la dépression, les troubles anxieux (notamment liés à la fin de vie), la douleur chronique et les addictions (alcool et tabac)   
  • Kétamine pour la dépression et les idées suicidaires     

L’un des acteurs de la pratique au Québec et au Canada, la clinique MindSpace, et son fondateur et directeur, le Dr Joe Flanders, considère que ces thérapies ont de nombreux avantages.  

Il explique que «les systèmes de santé actuels n’étant pas équipés pour gérer les taux mondiaux croissants de maladies mentales, la psychothérapie assistée par les psychédéliques vient offrir une nouvelle voie grâce à des thérapeutes et des conseillers psychédéliques formés accompagnant les patients dans leur cheminement, combinant la psychothérapie traditionnelle avec la médecine psychédélique». 

Le Dr Flanders ajoute «qu’en tenant compte des traumatismes vécus par les patients et en intégrant ses expériences au parcours psychédélique de ce dernier, ces thérapies aident le patient à dépasser ou à mieux comprendre ses traumatismes». 

Le Dr Lehmann, Ph.D, quant à lui, précise que «ces thérapies peuvent être particulièrement avantageuses pour les patients résistants aux traitements conventionnels. Ce sont des substances non toxiques pour le corps, qui ne créent pas de dépendance, contrairement aux antidépresseurs qui doivent être pris tous les jours».   

Une réglementation stricte appelée à évoluer 

Santé Canada permet, depuis début janvier, aux médecins de faire une demande pour prescrire ces drogues psychédéliques à usage restreint, lorsque les autres traitements conventionnels ont échoué, ou n’ont pas pu être adaptés pour le patient, ou ne sont pas disponibles au pays. 

En dehors de cet accès dans le cadre de ce programme spécial, leur usage demeure toujours illégal. 

Dans le cadre de cette modification diffusée à la Gazette du Canada le 5 janvier dernier, Santé Canada reconnaît les bienfaits thérapeutiques pour soigner l’anxiété, la dépression, le trouble obsessionnel compulsif ou le stress post-traumatique.  

La demande est alors évaluée au cas par cas, «en tenant compte du niveau de preuve concernant l’innocuité et l’efficacité de l’utilisation proposée, ainsi que de la maladie du patient et de son état clinique». 

Pour le Dr Lehmann, Ph.D, «il ne faut pas oublier que la kétamine est déjà présente dans le milieu hospitalier ou elle est utilisée à plus haute dose comme anesthésiant, et que depuis 2020 environ soixante Canadiens en fin de vie ont déjà pu bénéficier de l'accès à la psilocybine par l’entremise d’autorisations exceptionnelles accordées par le ministre de la Santé.» 

«Cette récente modification va donc permettre à plus de patients de bénéficier de ces traitements avant leur mise sur le marché», ajoute le Dr Lehmann, Ph.D. 

À noter enfin que selon le spécialiste, «la MDMA et la psilocybine pourraient recevoir leur autorisation de mise sur le marché américain d'ici 2023 et 2025 respectivement».   

Face à de telles évolutions médicales chez nos voisins américains, le droit actuel ici pourrait encore être amené à changer. 

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