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Les travailleurs en santé mentale décrochent



J’ai récemment écrit quelques chroniques où je dénonçais l’incapacité du système de santé à offrir des soins en santé mentale aux adolescents-es et à la population générale. J’y spécifiais que le problème, c’est pas les gens qui travaillent dans ce système, mais la façon dont il est fait.

Faut croire que ç’a interpellé les travailleurs qui œuvrent en santé mentale, car plusieurs ont tenu à témoigner de façon anonyme des failles qu’ils expérimentent au quotidien et qui en poussent plusieurs à quitter leur pratique au public. 

Exode

Une femme m’avoue ainsi avoir démissionné de l’hôpital à cause des délais et de l’incohérence du parcours des parents pour arriver jusqu’à elle. « Je me suis installée dans un bureau et me suis affiliée à la RAMQ. On m’écrit beaucoup pour me voir. Et c’est toujours le même constat : on attend de rencontrer un pédopsychiatre depuis 3 ans. En attendant, l’enfant s’abîme. Le parent s’épuise. L’école ferme la porte. Ce système n’a pas de sens. Il est pensé par des administrateurs qui n’ont aucune idée du terrain. » 

Dans ma messagerie, plusieurs intervenants ont souligné le départ de nombreux psychologues et pédopsychiatres depuis quelques années. Ils quittent l’hôpital pour le privé. « L’hôpital vient à bout des bonnes volontés. Les “petits chefs” n’aiment pas les idées trop audacieuses qui leur feraient perdre leur statut de mandarin. Tout cela est bien triste. »

Omerta

Une autre travailleuse, qui pratique dans le Bas-du-Fleuve, me confie ceci : « On est quatre professionnels sur une équipe de 12 en pédopsychiatrie. On ne pourra plus donner de services par manque de places en garderie. » Oui, vous avez bien lu : pas de garderie pour ces parents donc impossible de pratiquer à temps plein. 

Je spécifie qu’à tous, j’ai demandé de témoigner à visage découvert. Malheureusement, l’omerta règne et plusieurs craignent les répercussions s’ils s’expriment publiquement. Certains d’entre eux ont aussi reçu des avertissements de leurs gestionnaires puisqu’ils osaient critiquer leur organisation. 

À quand la fin du silence ? Libérons les travailleurs de la santé de leur devoir de loyauté afin que ceux-ci puissent témoigner de ce qu’ils vivent. Si c’est une vraie réforme du système de la santé qu’on veut, ça doit passer par la libération de leur parole. 







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