Bilan de la CAQ: des promesses tenues pour le portefeuille des Québécois
L’inflation exacerbée par la pandémie pose toutefois des défis au gouvernement
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Si François Legault a bel et bien remis de l’argent dans le portefeuille des Québécois, son gouvernement a-t-il vraiment réussi à protéger les contribuables des «chocs tarifaires» et des «mauvaises surprises» comme la CAQ s’était engagée à le faire? Force est de constater que la pandémie et l’inflation galopante ont compliqué les choses, constatent des experts.
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Pendant la campagne électorale de 2018, la Coalition Avenir Québec avait promis «des balises claires pour limiter toute hausse de taxes ou de tarifs pour les services gouvernementaux».
«Les familles québécoises ne seront plus exposées aux chocs tarifaires et aux mauvaises surprises, comme ce fut le cas ces dernières années», écrivait la CAQ.
Quatre ans plus tard, les caquistes peuvent cocher plusieurs cases à leur bilan.
En matière fiscale, la CAQ a respecté ses principaux engagements, et souvent même plus rapidement que promis : uniformiser les taxes scolaires, bonifier les allocations familiales pour un deuxième enfant, abolir la contribution additionnelle en service de garde pour les parents mieux nantis, etc.
«On ne peut pas dire qu’ils ont augmenté le poids de la fiscalité», a analysé Luc Godbout, professeur et titulaire de la Chaire en fiscalité et en finances publiques de l’École de gestion de l’Université de Sherbrooke.
- Écoutez la chronique économique de Michel Girard sur QUB radio :
Une ombre au tableau
Seule ombre au tableau: le dossier des tarifs d’Hydro-Québec. Lorsque la CAQ a modifié la loi pour limiter les augmentations de la facture d’électricité à l’inflation, c’était sans savoir que la hausse du coût de la vie grimperait bien au-delà des 2 %, après une vingtaine d’années de relative stabilité.
En vertu de la nouvelle loi, les tarifs ont été ajustés à la hausse de 2,6 % le 1er avril.
Mais pour contrer les effets pervers de son intervention législative l’année prochaine, François Legault a dû s’engager à protéger les Québécois contre une hausse de 4 à 5 % de leur facture d’électricité.
«Le calcul n’était pas de mauvaise foi», croit M. Godbout, mais à refaire, il aurait été préférable que le gouvernement laisse la Régie de l’énergie faire son travail en évitant de politiser le dossier.
Pour ce qui est des autres hausses de coûts, par exemple celle du panier d’épicerie, les gouvernements ne peuvent pas en être imputables, considère M. Godbout.
En ce qui a trait au prix de l’essence, mieux vaut résister à la tentation de réduire les taxes, un geste qui n’aurait qu’un effet temporaire, selon lui.
«On veut justement que les gens modifient leurs comportements vers les voitures électriques», a-t-il rappelé.
Dans un contexte d’augmentation des dépenses en santé, notamment en raison de la pandémie, du vieillissement de la population, de la pénurie d’infirmières et d’enseignants, réduire le fardeau fiscal sans diminuer la qualité des services risque d’être complexe.
«Financièrement impossible»
«Promettre des baisses de fardeau fiscal en ces temps difficiles, c’est bon pour l’idéologie [à la Duhaime] et pour les votes quand les élections approchent, mais c’est financièrement impossible et ce serait d’ailleurs irresponsable», croit Pierre Fortin, professeur émérite de sciences économiques à l’Université du Québec à Montréal.
Il encourage le ministre des Finances, Eric Girard, à conserver une certaine réticence à réduire les impôts et taxes.
«Le dernier sondage de Jean-Marc Léger sur la question a d’ailleurs démontré que la population québécoise préfère que le gouvernement bonifie les services publics plutôt que d’alléger le fardeau fiscal», a observé M. Fortin.
L’ARGENT REMIS AUX QUÉBÉCOIS
- Les taxes scolaires ont été uniformisées, même plus rapidement que prévu, faisant économiser quelques centaines de dollars aux propriétaires fonciers
- L’allocation familiale a aussi été bonifiée deux ans plus tôt que promis, permettant aux familles de profiter d’une hausse moyenne de 779 $ par année, selon le revenu familial, pour un deuxième enfant et les suivants
- La « taxe famille » imposée sous Philippe Couillard a été abolie, avec le retour du tarif unique de 8,05 $ par jour dans les services de garde
- Malgré la pandémie et des déficits historiques, les hausses de taxes et d’impôts ont été maintenues au niveau de l’inflation
- Pour contrer les hausses spectaculaires du panier d’épicerie et de l’énergie, un premier chèque de 200 $ a été remis aux ménages à plus faibles revenus (400 $ pour les aînés) et un second de 500 $ pour l’ensemble des contribuables dont le salaire net annuel est inférieur à 100 000 $
- Les coûts des permis de conduire, des permis de chasse et de pêche ont été révisés à la baisse
- Les tarifs de stationnements des hôpitaux ont été plafonnés entre 7 et 10 $ par jour, selon les régions, avec une période de gratuité de deux heures, alors qu’il pouvait en coûter jusqu’à 16 $ par jour à Québec et jusqu’à 24 $ par jour à Montréal
- En tout, la CAQ estime que ce sont 3 milliards $ par année qui ont été remis aux contribuables
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