Le pont Pierre-Laporte et le 3e lien: deux dossiers «indépendants», affirme Marchand
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Aussi préoccupant soit-il, l’état du pont Pierre-Laporte ne justifie pas pour autant le troisième lien selon le maire de Québec, aux antipodes avec celui de Lévis qui réclame un tunnel « au plus sacrant ».
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Les deux maires ont partagé des visions diamétralement opposées, jeudi, en réaction aux révélations de Radio-Canada sur la dégradation des suspentes du pont qui menacent de « céder à tout moment ».
« Il faut accélérer le tempo [pour le troisième lien]. On souhaite qu’on passe le plus rapidement possible aux études concrètes de réalisation. C’est fini le “tataouinage” », a tonné le maire de Lévis, Gilles Lehouillier, en matinée, lors d’un impromptu de presse convoqué d’urgence.
« Ça n’a pas d’allure d’avoir un seul passage entre deux rives au niveau de la sécurité et du développement économique. Ça n’a aucun bon sens », a-t-il ajouté.
M. Lehouillier a également lancé un appel à la « solidarité régionale », sachant très bien que son homologue de Québec ne partage pas sa vision.
« Il n’y a pas de problème. Bruno [Marchand] veut avoir plus d’informations sur le tunnel. En passant, il n’a pas dit qu’il était contre [...] Il n’a pas dit qu’il était pour. Dans la vie, il y a toujours de l’espoir. »
Deux dossiers « indépendants »
Interrogé en après-midi, le maire de Québec a d’abord affirmé qu’il fallait « prendre au sérieux » la situation avec le pont Pierre-Laporte et a demandé au ministère des Transports de « rassurer les gens ».
Cela dit, un troisième lien ne peut être « la solution » aux problèmes du pont inauguré en 1970, a-t-il insisté.
Il s’agit de deux dossiers totalement « indépendants » et le débat sur le tunnel demeure entier à ses yeux.
Dans le pire des scénarios, s’il fallait un jour remplacer le pont Pierre-Laporte, il faudrait en reconstruire un au même endroit afin de répondre aux besoins de circulation dans l’ouest et à ceux de l’industrie du camionnage, a-t-il fait valoir.
Entretenir avant de construire
Le chef de l’opposition à l’Hôtel de Ville de Québec, Claude Villeneuve, a invité le gouvernement Legault à entretenir « ce qu’on a déjà » avant de penser au développement d’une nouvelle infrastructure.
Des groupes environnementaux et des experts en aménagement du territoire, comme Jean Dubé et Marie-Hélène Vandersmissen de l’Université Laval, ont tenu le même discours jeudi.
« Si les ponts sont dans un état lamentable à un point tel qu’ils deviennent dangereux, la meilleure option, et celle la plus rapide, c’est de faire un autre pont au même endroit, pour une fraction du coût [du troisième lien] », suggère par ailleurs M. Dubé.
– Avec la collaboration de Taïeb Moalla
Ce qu’ils ont dit
« Il y a une négociation qui n’est pas facile avec le syndicat des ingénieurs [...] Il faut mettre ça en contexte. [...] Le pont Pierre-Laporte, je veux rassurer tout le monde, il est sécuritaire actuellement. »
– François Legault, premier ministre du Québec
« Le pont Pierre-Laporte souffre d’un déficit d’entretien, comme tout notre réseau routier. Mais la CAQ s’entête dans la construction d’un troisième lien. »
– Joël Arseneau, porte-parole péquiste en matière de Transports
« Avant de parler de construire un troisième lien autoroutier qui passe sous le fleuve, la CAQ devrait commencer par s’occuper des ponts actuels. [...] Il est temps que la CAQ lâche son obsession du troisième lien. »
– Vincent Marissal, député de Québec solidaire
« On en parle depuis trop longtemps, on le voyait venir. On a besoin d’un lien dans l’est, peu importe le projet, qui assure une fluidité de la circulation et qui jouerait le rôle de filet de sécurité. »
– Marie-Josée Morency, directrice générale de la Chambre de commerce de Lévis
« On sous-investit depuis 50 ans dans l’entretien de nos infrastructures. Est-ce en augmentant le nombre d’équipements à entretenir [avec le 3e lien] qu’on va être capable d’investir correctement ? »
– Alexandre Turgeon, Conseil régional de l’environnement