/news/society
Publicité

Cédrika, 15 ans plus tard: elle n’a jamais été oubliée malgré le temps qui passe

L’histoire de Cédrika a changé la vie de ceux qui la connaissaient de près ou de loin

Cédrika était l’une des meilleures amies de Claude Lafrenière lorsqu’il était enfant. Encore aujourd’hui, il continue de se réunir avec d’autres amis du quartier pour commémorer sa mémoire.
Cédrika était l’une des meilleures amies de Claude Lafrenière lorsqu’il était enfant. Encore aujourd’hui, il continue de se réunir avec d’autres amis du quartier pour commémorer sa mémoire. PHOTO PIERRE-PAUL BIRON


TROIS-RIVIÈRES | Quinze ans après sa disparition et sept ans après que ses ossements ont été retrouvés, Cédrika Provencher continue d’habiter ceux qui l’ont connue, ses amis d’enfance se réunissant encore à l’occasion en sa mémoire.

• À lire aussi: Cédrika, 15 ans plus tard: sa sœur se donne le droit d'être heureuse

• À lire aussi: Cédrika, 15 ans plus tard: l’espoir de voir quelqu’un payer persiste

• À lire aussi: Cédrika, 15 ans plus tard: des recherches qui ont marqué des bénévoles à tout jamais

«On essaie de se revoir pour les anniversaires de Cédrika. Et chaque fois, c’est comme si on s’était vus la veille. Il y a un lien particulier», confie Claude Lafrenière, qui était l'un des meilleurs amis de Cédrika.

Si, devenus de jeunes adultes, ils continuent de se voir à l’occasion, c’est un peu parce qu’ils ont un devoir de mémoire envers celle qui soudait leur groupe d’enfants.

«C’est beau de voir que, même 15 ans plus tard, avec la vie qui passe, elle réussit encore à nous rassembler», s’émeut son ami d’enfance.

Et c’est la même chose pour tous les résidents du quartier de Trois-Rivières où habitait la jeune Cédrika. Même si les années passent, l’enfant est toujours dans les mémoires.

Écoutez l’entrevue de Yasmine Abdefadel avec Pina Arcamone sur QUB radio:

Son souvenir est dans le quartier

«Je le porte encore en moi, ce petit moment-là», confie Madeleine Bournival, à propos des quelques mots échangés avec Cédrika le soir de sa disparition.

La résidente de la rue Papineau, tout près du parc Chapais, où jouait la fillette le soir du 31 juillet 2007, est probablement l'une des dernières personnes à avoir parlé à Cédrika avant sa disparition.

«Je l’entends encore dans ma tête: “Pardon, madame... avez-vous vu un petit chien?”», relate la dame, avec émotion.

«Je ne l’oublierai jamais. Elle était sur son petit vélo. Elle avait les cheveux en broussaille, comme si elle s’était baignée ou si elle avait eu chaud», se souvient Mme Bournival, ajoutant que la vie a repris son cours dans le quartier, mais que la fillette l’habite toujours, d’une certaine façon.

«Ça a marqué le quartier, mais les gens n’en parlent plus tant, la vie a continué, mais personne ne l’oubliera.»

On peut affirmer, 15 ans plus tard, que l’histoire de la fillette a marqué le Québec tout entier. 

Michel Letarte était relationniste du service de police de Trois-Rivières en 2007 et encore aujourd’hui, même en voyage au bout du monde, lorsqu’il dit aux gens qu’il était policier à Trois-Rivières, la réaction est instantanée.

Un appui touchant

«Les gens me parlent tout de suite de Cédrika. Ça a tellement été marquant. Et pour les policiers aussi. On se rappelle tous où on était le soir du 31 juillet quand on a reçu l’appel, c’est immanquable», se rappelle le policier à la retraite. 

Ces témoignages touchent évidemment la famille de la petite. Même si le temps passe, les Provencher sont toujours émus de ce soutien des Québécois.

«Ça me dit que les gens écoutent et sont à l’affût de ce qui peut toujours se passer dans le dossier. Et les gens nous disent de continuer, c’est extrêmement touchant», confie son grand-père, Henri Provencher. 


Continuer d’avancer malgré les embûches 

TROIS-RIVIÈRES | Droit comme un chêne, avec une poignée de main ferme et un regard vif malgré ses 77 ans, le grand-père de Cédrika Provencher continue de tenir sa fondation à bout de bras à travers les embûches pour éviter que d’autres enfants subissent le même sort.

«Si je peux éviter à une seule famille de vivre tout le mal qu’on a fait à ma famille, j’aurai réussi», affirme Henri Provencher. 

Le grand-papa continue d’investir au moins une vingtaine d’heures chaque semaine dans la fondation. 

«Certains peuvent penser que le pauvre vieux n’est pas capable de décrocher, mais ce n’est pas ça. Si personne ne fait rien, si on reste assis à gober sans rien dire, les choses ne bougeront pas», insiste-t-il.

Des difficultés 

Or, la pandémie a plombé les activités de l’organisme et le financement se fait de plus en plus difficile à trouver. 

À tel point que la fondation ne parvient même pas à organiser d’activités cette année pour la Journée mondiale de prévention des enlèvements d'enfants, le 31 juillet, journée qu’elle a elle-même mise sur pied en mémoire de Cédrika.

Cédrika était l’une des meilleures amies de Claude Lafrenière lorsqu’il était enfant. Encore aujourd’hui, il continue de se réunir avec d’autres amis du quartier pour commémorer sa mémoire.
Henri Provencher Photo Pierre-Paul Biron

Et un projet d’application mobile pour l’envoi d’alertes ciblées lors d’une disparition a lui aussi été mis au rancart, faute de financement.

«C’est difficile, mais jamais je n’abandonnerai. Je continue de croire que ces choses-là doivent se faire, et Cédrika est à la base de ça. Je continue de lui demander chaque jour de m’aider à faire avancer les choses», confie l’homme.

Vivre son deuil

À travers les difficultés, toute cette énergie qu’il consacre à la cause aura malgré tout été une façon pour Henri Provencher de vivre son deuil. Et quelque part, c’est aussi une dette envers Cédrika, qu’il a contractée le jour où elle a disparu, le 31 juillet 2007. 

«C’est évidemment difficile quand je pense à Cédrika. Je ne peux pas m’empêcher de penser que la personne qui a fait ça l’a privée de tout ce qu’elle aurait accompli. C’est ça qui me fait continuer», soupire Henri Provencher.

À travers la fondation, il vise à aider les familles d’enfants disparus et aussi à prévenir de tels événements dramatiques. 

Vous avez un scoop à nous transmettre?

Vous avez des informations à nous partager à propos de cette histoire?

Vous avez un scoop qui pourrait intéresser nos lecteurs?

Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.







Commentaires

Vous devez être connecté pour commenter. Se connecter

Bienvenue dans la section commentaires! Notre objectif est de créer un espace pour un discours réfléchi et productif. En publiant un commentaire, vous acceptez de vous conformer aux Conditions d'utilisation.