Festival d’opéra de Québec: de grandes voix et une mise en scène de haut calibre pour Faust
Faust n’avait pas été présenté à Québec depuis 25 ans. L’œuvre de Charles Gounod, élément phare de la 11e édition du Festival d’opéra, est une réussite sur toute la ligne. Les chanteurs sont excellents et la mise en scène est de qualité et de haut calibre.
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À l’affiche à nouveau mardi soir et jeudi, au Grand Théâtre de Québec, Faust est un incontournable. Une production qui va plaire autant aux connaisseurs qu’à ceux qui auraient envie de s’initier à cette forme d’art.
Il y a du jeu, une belle dramaturgie qui se déploie tout au long des cinq actes, une scénographie spectaculaire et des chanteurs avec de très bonnes voix.
Dès les premières secondes de l’ouverture musicale, déployée par les musiciens de l’Orchestre symphonique de Québec, sous la direction du chef français Victorien Vanoosten, on sent que ce sera mémorable.
La présence d’une croix lumineuse, d’un podium-escalier, de chandeliers et de fumée, au lever du rideau, donne le ton.
Faust, c’est l’histoire d’un homme, malheureux, qui s’apprête à mettre fin à ses jours, lorsque Satan, sous les traits de Méphistophélès lui promet de lui redonner sa jeunesse en échange de son âme. Il fait apparaître, pour le convaincre, la jeune et jolie Marguerite.
Voix de qualité
La force première de cette production est la qualité de la distribution avec des chanteurs québécois et français. Toutes les voix sont de qualité.
Le ténor Thomas Bettinger (Faust), la basse Patrick Bolleire (Méphistophélès), le baryton Jérôme Boutillier (Valentin) et les mezzo-sopranos Anne-Catherine Gillet (Marguerite) et Sarah Bissonnette (Siébel) excellent.
On retrouve de superbes séquences de jeu, mises en scène par Jean-Romain Vesperini, accompagnées par des projections vidéo réussies et presque tridimensionnelles comme celle de la forêt lors du premier acte.
Thomas Bettinger habite avec aisance le personnage de Faust. Il offre, avec Patrick Bolleire, un duo habilement chorégraphié, lorsque Faust se sent revigoré par la promesse de Méphistophélès.
Le Satan de Bolleire est imposant vocalement et solide côté jeu. Il est très expressif corporellement et avec ses mouvements de bras.
Dans le rôle de Marguerite, Anne-Catherine Gillet se distingue avec Il était un roi de Thulé et elle offre ensuite une remarquable interprétation de l’Air des bijoux, faisant oublier totalement la caricature de la Castafiore dans Tintin. Sa diction, comme celle de tous les chanteurs de la distribution, est précise et parfaite.
À l’acte IV, au retour de l’entracte, les notes d’orgues résonnent dans le Grand Théâtre, lorsque Marguerite, tourmentée, se rend à l’église et qu’elle se retrouve avec Méphistophélès. On n’entend pas souvent de l’orgue à l’opéra et cet élément apporte de la grandeur à cet opéra créé en 1859.
Le baryton William Desbiens, dans le rôle du festif soldat Wagner, se distingue vocalement et avec une belle aisance sur les planches. Le jeune chanteur de Québec prend du coffre et de l’assurance.
Efficace !
Efficace, comme c’est toujours le cas, la trentaine de chanteurs et chanteuses du Chœur de l’Opéra de Québec livre à nouveau la marchandise, tout au long de la production, dans des scènes de groupes colorées et bien chorégraphiées. Un de ces moments se produit lorsque les soldats, qui reviennent de la guerre, s’avancent sur le bout de la scène pour chanter Gloire immortelle de nos aïeux. L’énergie est puissante.
Cette production maison est une réussite et une des plus belles présentées au cours des dernières saisons à Québec.