Jackalope fête ses 10 ans en grand
Après deux années d’annulation en raison de la pandémie, le festival Jackalope fêtera en grand ses 10 ans de création en 2022, de vendredi à dimanche sur l’Esplanade du Parc olympique.
Fidèle à ses habitudes, l’événement de sports extrêmes mettra en valeur des disciplines telles que le skateboard, le BMX et l’escalade de bloc, trois épreuves qui ont d’ailleurs fait leur entrée en scène aux derniers Jeux olympiques, à Tokyo.
«On est fébrile parce que c’est une année ultra importante», a lancé d’entrée de jeu le fondateur et président de l’événement, Micah Desforges, joint au bout du fil, mardi.
Cette année, l’événement montréalais présentera aussi une compétition de breakdance, une autre discipline qui intégrera la liste des compétitions aux Jeux olympiques, à Paris, en 2024.
«Ce qui est "cool" avec le breakdance, c’est quelque chose qui vieillit quand même bien. C’est toujours captivant de voir les gens danser, a ajouté Desforges. Peut-être que le grand public ne le sait pas, mais on a une forte culture du breakdance au Canada et à Montréal, inspirée de New York et ailleurs dans le monde.»
«C’est un univers qui mérite le "spotlight", parce qu’on a des racines profondes, depuis les années 1980, à Montréal, d’une culture "underground".»
Une bonne dose d’adrénaline
Même si le festival d’adresse à tous les curieux, l’expérience en sera une particulièrement intéressante pour les amateurs d’adrénaline, qui pourront voir des experts de BASE Jump à l’œuvre.
Similaire à un saut en parachute, les sauteurs ne s’élancent toutefois pas d’un avion, mais plutôt d’un bâtiment, d’une antenne à haute altitude, d’un pont ou même du haut d’une montagne.
Par le passé, les athlètes de BASE Jump pouvaient en mettre plein la vue en sautant du haut de la tour du Stade olympique. Les projets de rénovation qui y ont lieu ont toutefois contrecarré les plans des organisateurs du Jackalope.
«Cette année, la tour est en construction, a dit le président de Jackalope. Comme on n’aime pas se faire dire non dans la vie, on a dit : "on va trouver une solution". On loue la plus grosse grue de construction au Canada, puis on va la stationner sur la rue Sherbrooke. On est obligé de faire fermer deux voies sur trois, en direction Est, pour [stationner] une grue tellement [grosse] qu'elle en a besoin d’une autre pour l’installer.»
Les sauteurs s’élanceront ainsi du haut de la grue, sur une plateforme à 90 mètres du sol. De plus, l’un des deux seuls sauteurs au monde à posséder l’expérience et la certification nécessaire pour faire des sauts en tandem sera sur place. Andy Lewis permettra ainsi à une dizaine de chanceux de vivre une expérience haute en adrénaline.
«On a des gens qui ont de l’expérience, qui ont une méga paire de couilles. Et on a des "crinqués" qui veulent vivre cette expérience-là, être attachés à l'un de ces athlètes-là et vivre la dose d’adrénaline de leur vie», a renchéri Desforges.
«C’est un saut rapide, court. Ultimement, il y a plus de risques, tu es plus proche du sol. C’est sûr qu’il y a plus de risques, mais c’est aussi ce qui fait que la dose d’adrénaline est beaucoup plus intense.»
Jeux olympiques: le party à Los Angeles
En baignant dans le monde des sports extrêmes qui seront présentés à l’édition 2022 du Jackalope, le président et fondateur de l’événement, Micah Desforges, n’a eu d’autre choix que de visionner les Jeux olympiques. Il a toutefois été déçu de l’introduction faite au skateboard, à l’escalade et au BMX.
«J’étais content de la voir, mais on dirait que sans la foule dans les gradins, la compétition se passait à 9 h du matin. Il y avait quelque chose pas très authentique», a affirmé Desforges.
«C’était une année d’introduction, appelons ça ainsi. Ce n'était pas un faux départ, mais quasiment en tenant compte de la pandémie, de l’expérience dans le village pour les athlètes qui était inexistante et de l'absence de soirée de visionnement. Il n’y avait pas de célébrations des Jeux en général, ça se ressentait à l’écran.»
L’homme d’affaires s’attend toutefois à ce que l’engouement grimpe d'un cran à Paris, en 2024, avant d’atteindre son pic à Los Angeles, en 2028.
«L’entrée, c’était Tokyo, le "fun" va commencer à Paris [2024], mais le party va pogner à Los Angeles [2028]. LA, avec le surf et la culture des [sports extrêmes]. C’est dans notre cour arrière, en tant que Canadiens et Québécois. Nous, on regarde 2028 comme l’année de l’explosion des sports marginalisés dans les dernières décennies. Ils vont commencer à prendre une part de plus en plus importante dans le "mainstream". Je crois que le skateboard a le potentiel de devenir l’un des sports les plus populaires au monde et peut-être se classer dans un top 3, avec le soccer.»
Inspiré par Tony Hawk
Quand il a vu, à la télévision, en 1999, le légendaire skateboarder Tony Hawk réussir le premier 900o de l’histoire en planche à roulettes, aux X-Games, Micah Desforges a su immédiatement qu’il travaillerait dans ce domaine plus tard.
«Pour moi, ce fut un éclair de révélation que j’ai eu de me dire "ce n’est pas grave si tu tombes plusieurs fois, l’important, c’est de se relever", a-t-il mentionné, joint au bout du fil, mardi. Ce sont des belles valeurs à communiquer aux jeunes.»
Plus de deux décennies plus tard, dont une à la tête du Jackalope, Desforges a bâti un événement-phare de la discipline, en plus d’avoir eu la chance de rencontrer son idole. Effectivement, Hawk est passé deux fois plutôt qu’une à Montréal, incluant la première en 2017, dans le cadre du festival.
«Quand j’ai vu Tony Hawk, la première fois, à l’aéroport, pour aller le chercher, je capotais. On n’y croyait pas.»
Le Cirque du Soleil en modèle
Signe que Jackalope connaît du succès, le concept franchira la frontière canado-américaine en 2023 afin de tenir un festival à Virginia Beach. Le fondateur ne compte d’ailleurs pas s’arrêter là.
«Ça fait longtemps que ce n’est plus un "one-man army". La première année, j’avais la radio dans le cou, ma mère m’aidait quasiment à faire des sandwichs. C’était tout petit en 2012, c’était ridiculement petit comparé à ce que c’est rendu.»
«Là, on crée une copie, on l’adapte, on fait un Jackalope Virginia Beach. Ensuite, on en fera un en Europe, un en Asie, un en Amérique latine. À un moment donné, il y aura un circuit de festivals Jackalope, des événements de qualification, du contenu à l’année. Le but, c’est de devenir un Cirque du Soleil de l’adrénaline.»
Desforges apprécie d’ailleurs le modèle d’affaires de l’entreprise, qui a vu le jour dans la Belle Province, et il compte bien s’en inspirer.
«J’adore le modèle du Cirque du Soleil, soit de créer quelque chose à Montréal et de l’exporter. J’adore la créativité et le talent qu’on a au Québec. On sent qu’on a un filon, quelque chose, et c’est un succès d’équipe. Le meilleur est à venir.»