Festival Les Percéides: Bernadette à l’écran, 50 ans plus tard

PERCÉ – Le 6 mai 1972, le film La vraie nature de Bernadette prenait l’affiche pour la première fois. Cinquante ans et quelques semaines plus tard, il a été projeté à nouveau, cette fois à Percé dans le cadre du festival Les Percéides en compagnie de l’une des principales interprètes du film, Micheline Lanctôt. 

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«Ce sera à vous de juger, mais selon moi, le film a très bien vieilli», a déclaré celle qui est au festival en tant qu’invitée d’honneur et présidente du jury, juste avant la projection du long-métrage, présenté en version restaurée par l’organisme Éléphant: mémoire du cinéma québécois. Présenté comme tous les autres films du festival dans l'ancienne grange Charles-Robin devenue salle de cinéma en juillet dernier, l’atmosphère intime du lieu laissait place à un niveau de concentration idéale pour l’écoute du film.

Après la présentation, qui a semblé avoir été appréciée par le public, une période de questions sur le film était prévue. Toutefois, en raison de la curiosité sans bornes des spectateurs, elle a plutôt porté sur les multiples chapeaux de comédienne, de réalisatrice et d’ancienne chargée de cours à l’université que portent M^me Lanctôt.

«Et activiste», a-t-elle ajouté en entrevue avec l’Agence QMI après la période de questions du public. «J’ai fait partie de l’Association des réalisateurs, participé à beaucoup de combats, parce qu’il y en avait beaucoup à faire à l’époque. J’ai arrêté maintenant parce qu’il y en a d’autres qui doivent prendre le relais.»

Malheureusement, les conditions de tournage se sont beaucoup dégradées au cours des dernières années, a mentionné la réalisatrice d’œuvres primées comme Sonatine et Pour l’amour de Dieu. «Ça s’est dégradé pour toutes sortes de raisons parce que l’industrie est en crise actuellement à cause de la multiplication des plateformes. Le problème de la distribution n’est pas réglé, et personne ne sait où ça va aller. Certains prédisaient la mort du cinéma en salles, mais avec les origines foraines de cet art, je pense que les gens vont avoir de la difficulté à abandonner les salles», a-t-elle souligné.

Bernadette à l’époque du mouvement Me Too

Des questions ont également été posées sur l’histoire de Bernadette et sa résonance actuelle. Une dame se demandait comment quelqu’un de plus jeune, ayant grandi à l’époque du mouvement Me Too, aurait réagi au personnage de Bernadette, une femme qui adopte l’amour libre. N’ayant jamais abordé le sujet avec un public plus jeune, M^me Lanctôt ne pouvait pas se prononcer sur leur perception, mais elle remarque à quel point un personnage comme ça peut être important de nos jours.

«Bernadette est une femme pleine de lumière, un personnage dont on aurait besoin. Je crois qu’avec les ères de wokes et de Me Too, on est en train de se braquer les uns contre les autres, et c’est bien d’avoir cette source lumineuse», a-t-elle souligné.

Virée en mer

PHOTO COURTOISIE Patrick Vachon/ Festival Les Percéides

La séance de questions-réponses s’est transportée quelques heures plus tard à bord du Capitaine Duval II voguant autour de l’île Bonaventure et du rocher Percé. Nous avons pu apprendre que les premiers emplois de M^me Lanctôt en cinéma d’animation se sont décidés à Percé et nous avons pu découvrir les dessous du tournage de Sonatine et l’histoire abracadabrante derrière son Lion d’argent, remis après plusieurs péripéties. M^me Lanctôt étant un véritable moulin à paroles, l’expédition s’est terminée près de 30 minutes après l’heure prévue, mais personne ne s’en est plaint, tous ayant été divertis par ses histoires.