Natation artistique: une page d’histoire sera écrite au mondial junior à Québec

Les amateurs présents dans les gradins du PEPS de l’Université Laval auront droit à une première à l’occasion du championnat mondial junior de natation artistique dont le coup d’envoi sera donné mardi.

Si les hommes ont fait leurs débuts au mondial senior en 2015 à Kazan en Russie dans l’épreuve de duo mixte, c’est la première fois que la catégorie solo sera au programme. Plus tôt cette année, le championnat européen et le championnat américain jeunesse avaient aussi présenté la catégorie solo.

Huit hommes, dont aucun n’est Canadien, tenteront de repartir avec la médaille d’or. Les hommes seront aussi en action dans les épreuves mixtes acrobatique et combiné libre.

Parmi les athlètes présents en solo, on retrouve l’Italien Fillippo Pelati, qui pratique la natation artistique depuis quelques années.

«C’est très important de faire partie du premier groupe de nageurs à participer au mondial, a souligné l’Italien de 15 ans qui pratique la natation artistique depuis six ans. C’est important pour moi et pour l’Italie. Je n’étais pas certain que ça allait arriver un jour, mais c’était la bonne chose à faire. Les gens qui ne connaissent pas la natation artistique trouvent étrange que les hommes pratiquent ce sport, mais ils changent d’idée quand ils voient ce qu’on peut faire.»

Deux passions

Pelati a jumelé ses deux passions quand il a opté pour la natation artistique. 

«Plus jeune, je pratiquais la natation et le hip-hop. J’ai jumelé mes deux passions. Ma famille et mes amis m’appuient dans mon choix.»

Présidente de Québec Excellence Synchro, plus gros club au Québec avec 300 membres, mais aucun garçon, Mélanie Beaudoin aimerait accueillir des hommes. 

«Dans un pays dominé par le hockey, les jeunes garçons ont besoin de modèles, a-t-elle souligné. Fillipo peut compter sur le champion d’Europe Giorgio Minisini comme modèle et source d’inspiration. On essaie fort d’attirer les jeunes avec le programme de cirque aquatique. Les camps d’été fonctionnent bien, mais on doit réussir à les retenir.»

Présence importante

Premier médaillé de l’histoire en 2015, Minisini a remporté l’or au mondial en duo mixte en juin dernier à Budapest.

M^me Beaudoin croit que la présence éventuelle aux Jeux olympiques stimulerait l’intérêt. 

«La gymnastique rythmique et la natation artistique sont les deux seuls sports olympiques où les hommes ne peuvent pas participer. Il y a déjà eu des hommes, notamment l’entraîneur montréalais Robert Prévost, mais les épreuves n’étaient pas intégrées dans les compétitions de la FINA.»

Karine Doré souhaite elle aussi la venue de garçons. 

«Je rêve de coacher un duo mixte, a raconté l’entraîneur-chef de l’équipe canadienne junior. Natation artistique Canada (NAC) a fait une tournée à la grandeur du pays pour susciter l’intérêt. Il y a actuellement deux duos chez les 10 ans et moins au Québec, mais le défi est de s’assurer qu’ils vont continuer et de les intégrer afin qu’ils ne se sentent pas seuls.»

Une chance en or pour le Canada

Vu l’absence de la Russie, de l’Ukraine et de la Chine, les trois pays qui sont montés sur le podium du dernier mondial (2018, en Slovaquie) dans la compétition par équipes, le Canada peut-il aspirer à une médaille?

«Le mot d’ordre est de progresser pouce par pouce, a illustré l’entraîneuse-chef Karine Doré. La sélection n’a été faite qu’à la fin juin et c’est impressionnant de voir tout le travail effectué en si peu de temps. On progresse à tous les jours depuis notre arrivée à Québec.»

Doré aime la chimie au sein de son groupe et prévoit une bataille relevée. 

«C’est impressionnant de voir comment les filles se sont regroupées rapidement. J’ai rarement vu une telle dynamique au cours de ma carrière. L’Espagne, l’Italie, le Japon, le Mexique et les États-Unis sont de bonnes équipes. C’est difficile de comparer puisqu’il n’y a pas eu de compétition junior depuis quatre ans.»

Florence Tremblay est heureuse de se produire au PEPS. 

«C’est une chance de participer à ma première compétition internationale dans la piscine où je m’entraîne à tous les jours, a indiqué la nageuse native de Rimouski qui a grandi en regardant les exploits de Marie-Pier Boudreau-Gagnon et de Camille Fiola-Dion, elles aussi natives du Bas-Saint-Laurent. Je voulais être comme elles un jour.»

Bel espoir de médaille

En solo, Audrey Lamothe représente un bel espoir pour le Canada. Membre de l’équipe senior, Lamothe a pris part aux mondiaux aquatiques de Budapest en juin, mais elle vivra sa première compétition internationale dans les rangs juniors.

«On a le droit de rêver à une médaille, a souligné Doré, mais je préfère ne pas me prononcer sur la couleur. Il y a une grande parité, mais c’est réaliste de croire qu’elle peut monter sur le podium. Audrey a gagné en maturité au mondial senior où la technique est plus compliquée. On a modifié quelques éléments et peaufiné la chorégraphie. Audrey maîtrise très bien son solo.»

Qu’en pense la principale intéressée? 

«Je veux offrir ma meilleure performance, a-t-elle indiqué. Le mondial junior est un événement clé dans ma saison et je me sens prête. J’ai acquis les compétences nécessaires au cours des derniers mois. Je ne ressens pas de pression, mais de l’excitation et de la fébrilité.»

En duo libre, Léonie Corbeil évoluera en compagnie de Mia Fortin. 

«Nous n’avons pas d’objectifs de résultats parce qu’il s’agit de notre première compétition ensemble, mais on veut que les gens se souviennent du duo libre canadien, a indiqué Corbeil. À ma dernière année, je sens une plus grande pression parce que je veux laisser ma marque chez les juniors. C’est très excitant de pouvoir se produire à la maison.»