Le cowboy de Trois-Rivières toujours actif à 82 ans
Tout le monde à Trois-Rivières connaît le «cowboy» Jacques Lemaire qui, à 82 ans, continue d’égayer l’ambiance dans les endroits fréquentés de la ville.
Depuis 2006, cet animateur de foule improvisé, impossible à manquer avec son accoutrement western, arpente notamment le tronçon touristique de la rue des Forges, au centre-ville, en divertissant les clients sur les terrasses.
«Je ne demande rien aux gens. Parfois, on m’offre un café, une cigarette, une bière ou une bouteille d’eau. Ce n’est pas important pour moi. Je vais là pour me faire voir. J’aime attirer l’attention», admet-il.
Surnommé «le cowboy de Trois-Rivières», M. Lemaire a toujours aimé le style western. Lorsqu’il fait une sortie au centre-ville, quelques fois par semaine, soit un peu moins souvent qu’avant parce que le poids des années le rattrape, il ne manque jamais de revêtir sa plus belle chemise de circonstance, sa grande chaîne en argent, sa large ceinture, son vieux transistor, mais surtout son fameux chapeau de cowboy dont il ne se sépare jamais.
«J’ai abandonné depuis quelques années mes bottes de cowboy et mes faux revolvers à la ceinture. Je suis passé à autre chose», lance-t-il.
Lors de notre passage sur la rue des Forges il y a quelques jours, une habituée, ne souhaitant pas dévoiler son nom, nous a confié que M. Lemaire «c’est un être fascinant». «Partout où il passe, il sème la joie et la bonne humeur avec ses danses et ses déhanchements, mais aussi la curiosité et l’incompréhension chez certains visiteurs», a ajouté la femme.
Passionné de cinéma
Jacques Lemaire est un passionné de musique, mais aussi de cinéma. Il aime particulièrement les films westerns. Dans son tout petit appartement, dans le secteur du Cap-de-la-Madeleine, reposent, bien alignés, plus de 3000 DVD qu’il regarde en boucle, sur ses quatre téléviseurs, lorsqu’il n’est pas au centre-ville. Sa passion pour le cinéma l’a amené à occuper un poste de placier, de 1952 à 1956, dans l’ancien cinéma Capitol de Trois-Rivières. Après, il a travaillé pour l’usine Wabasso pendant plus de 25 ans et fait quelques petits boulots à droite et à gauche.
L’octogénaire voue une admiration sans bornes pour John Wayne, Gary Cooper et tous ces autres grands noms du cinéma western.
Au cours de sa vie, il a eu la chance de faire pas moins de 28 voyages à Hollywood avec Robert, son inséparable frère, lorsqu’ils visitaient leurs parents installés là-bas.
«J’ai rencontré, un jour, les acteurs Steve McQueen et John Wayne. McQueen était plus réservé, mais John Wayne n’a pas hésité à toucher mon chapeau. Ce fut un moment mémorable, un souvenir impérissable», souligne le «cowboy» trifluvien.
Mais, depuis le décès de son frère, Jacques Lemaire ne voyage plus.
«Tous ces voyages, je les revis dans ma tête et dans tous ces films que je revoie sans cesse. J’ai été gâté par la vie. Non, je ne me suis jamais marié, mais cette vie de voyages, avec mon frère, je n’aurais jamais pu me l’offrir autrement. Je suis un millionnaire, vous savez, à cause de tous ces souvenirs. Je voudrais que la communauté de Trois-Rivières ne m’oublie jamais. Peut-être voudra-t-on m’ériger une statue au centre-ville en souvenir de tous ces sourires que j’ai pu générer», dit-il un brin moqueur.
Pas le premier «cowboy» à Trois-Rivières
Jacques Lemaire ne serait pas le premier à s’être fait remarquer comme «cowboy» à Trois-Rivières.
Selon Éric Veillette, du blogue «Historiquement Logique!», qui s’appuie sur un texte de 1975 du journal «Le Nouvelliste», le premier «cowboy» de Trois-Rivières aurait pour nom Elridge «La Patte» Dufour, décédé en 1983.
M. Dufour aurait notamment fait parler de lui en pénétrant dans une taverne de la rue des Forges avec son cheval, question de souligner l’ouverture de l’établissement. Il aurait aussi parcouru le boulevard Saint-Laurent à Montréal, à cheval, également.