Voici les 20 pires délinquants environnementaux au Québec
Le ministère de l’Environnement punit peu les entreprises qui commettent des infractions
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La plupart des infractions environnementales demeurent impunies au Québec. Au cours des 10 dernières années, moins de 10% des infractions ont entraîné des sanctions, a découvert notre Bureau d’enquête.
Dans la dernière décennie, 45 426 avis de non-conformité ont été envoyés à des entreprises pour signaler un manquement environnemental, selon les données du ministère de l’Environnement du Québec.
Dans seulement 4119 cas, soit 9% d’entre eux, il y a eu une sanction pécuniaire. Le montant total payé est de 15,7 M$.
Dans les cas les plus graves, 809 personnes ou entreprises ont été déclarées coupables d’infraction au pénal et ont payé des amendes totalisant 14,2 M$.
«Au Canada [incluant le Québec], il n’y a pas beaucoup de risques de se faire poursuivre au pénal, et, si ça arrive, le risque n’est pas très grand que la sanction soit exemplaire. C’est un chien de garde qui n’a pas les dents assez longues pour envoyer le message souhaité», observe Paule Haley, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en droit de l’environnement à Université Laval.
Minières et agriculteurs
Selon notre analyse exhaustive des registres publics du ministère, le pire récidiviste en matière d’infractions environnementales au Québec depuis 10 ans est la mine de Malartic, en Abitibi-Témiscamingue. Les deux entreprises qui se sont succédé pour l’exploiter ont été déclarées coupables deux fois pour 88 infractions et un total d’amendes payées de 873 000$.
Un rapport d’enquête que nous avons obtenu révèle d'ailleurs que la minière se préoccupait peu du respect des normes environnementales.
Le secteur des activités minières est deuxième parmi ceux qui cumulent le plus d’amendes – 2,8 M$ au total –, tout juste derrière celui des activités agricoles.
Les secteurs reliés à l’agriculture ont quant à eux dû payer près de 3,7 M$ depuis 10 ans. Parmi eux, les éleveurs de vaches laitières sont les plus sanctionnés (1,2 M$), surtout pour mauvais entreposage de déjections animales ou rejet de ces déjections dans un cours d’eau.
Peu de risques
«Le problème n’est pas tant le montant des condamnations que la capacité du gouvernement à faire respecter les règlements mis en place», ajoute Olivier Boiral, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur l’internalisation du développement durable et la responsabilisation des organisations.
Le Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ) dénonce un manque d’effectifs. Il dit compter 312 inspecteurs (le ministère assure qu’il y en a plutôt 307) et 21 enquêteurs en environnement pour tout le Québec.
Certaines régions, comme l’Abitibi ou la Gaspésie, n’ont aucun enquêteur, déplore le SFPQ. Le ministère précise toutefois que les enquêteurs ne sont pas affectés à des régions et se déplacent selon les dossiers.
Suivi inadéquat
En 2016, le commissaire au développement durable soulignait les suivis inadéquats et la difficulté, pour le ministère, de forcer un contrevenant à se conformer, même quand les infractions se multiplient.
Le commissaire avait même découvert que, dans un cas, une entreprise avait mis plus de 17 ans à se conformer. Et lorsque le ministère exige un plan correcteur, il tarde à se réaliser. Selon le SFPQ, rien n’a changé depuis.