Facile d’imprimer des armes destinées aux gangs de rue
Un fabricant qui utilise une imprimante 3D explique que ces modèles peuvent les alimenter
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Créer des armes à feu mortelles destinées aux gangs de rue avec une imprimante 3D est un jeu d’enfant, révèle un fabricant qui s’est confié à notre Bureau d’enquête.
C’est directement à partir d’une cave insonorisée située sous sa maison que Martin (nom d’emprunt) nous a reçus afin de se confier sur la fabrication clandestine des ghost gun, comme on les qualifie dans l’industrie.
«Je voulais démontrer que l’accès aux armes à feu n’est pas uniquement relié aux réserves (autochtones) et au trafic provenant des États-Unis», indique-t-il.
Avec son imprimante 3D, Martin a lui-même créé des dizaines de pistolets pour sa simple curiosité.
«C’est facile de les fabriquer soi-même», ajoute-t-il en exhibant la partie inférieure nécessaire pour construire une arme semblable au AR-15, ce fusil semi-automatique récemment interdit au Canada et qui a été utilisé lors d’une tuerie dans une école du Texas, en mai dernier.
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Livré à la maison
Selon lui, il suffit d’une imprimante 3D pour créer les parties inférieure et supérieure en polymère.
Puis, la personne n’aura qu’à commander la quincaillerie intérieure de l’arme sur le web, livrée par la poste en toute légalité, pour en faire l’assemblage avec un peu de débrouillardise.
«Vous aurez une arme fonctionnelle, puis elle est fiable», affirme Martin, qui croit que s’il est en mesure de le faire, n’importe qui peut le faire.
André Gélinas, ancien instructeur de tir et ex-sergent détective au SPVM, précise que ce n’est pas aussi simple que ça pour le commun des mortels.
«Créer le châssis de l’arme nécessite un bon équipement, et en règle générale, le milieu criminel ne se donne pas ce trouble-là. Il achète l’arme déjà montée», dit-il.
D’ailleurs, en janvier dernier, notre Bureau d’enquête révélait qu’au moins deux cargaisons d’armes déjà montées entraient tous les mois au Québec, surtout via la réserve d’Akwesasne.
M. Gélinas précise néanmoins que de «bons concepteurs d’armes 3D vont quand même avoir des réseaux d’acheteurs».
Entre 1500 $ et 2500 $
Quant au prix unitaire de certaines des pièces à commander sur le web pour fabriquer un pistolet 9 mm, André Gélinas donne un aperçu :
- 300 $ à 500 $ pour un canon Glock
- Environ 200 $ pour la détente
- 300 $ à 400 $ pour la glissière
Une fois assemblé, le ghost gun se vendrait entre 1500 $ et 2500 $ sur le marché noir, selon un trafiquant d’armes qui s’est confié à nous.
Depuis la création en octobre dernier de l’opération Centaure pour lutter contre la violence liée aux armes à feu, sept imprimantes 3D ont été saisies, selon nos informations.
Mais aux yeux d’André Gélinas, les saisies ne représentent que la pointe de l’iceberg.
En Europe, les armes imprimées en 3D inquiètent l’Office européen de police (EUROPOL) qui observe depuis quelques années «un nombre croissant de ces armes saisies dans le cadre d’enquêtes à travers l’Europe», selon le magazine Capital et l’Agence France Presse.
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