Drame au Lac-Saint-Jean: porté disparu dans un ravin après le déluge
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SAINT-HENRI-DE-TAILLON | Un ponceau de route a été complètement détruit par un cours d’eau gonflé par une pluie exceptionnelle, mercredi matin, au Lac-Saint-Jean, emportant avec lui un sexagénaire qui n’a toujours pas été retrouvé.
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La rue Ulysse, une route de gravelle entre Saint-Henri-de-Taillon et l’Ascension-de-Notre-Seigneur, a été coupée en deux peu avant 6 h.
D’après nos informations, deux automobilistes qui y circulaient n’auraient pas aperçu le « cratère » avant de foncer tout droit dedans.
« Le conducteur du deuxième véhicule est parvenu à sortir et n’a été blessé qu’à un poignet. Mais le premier véhicule, qui a été traîné sur plus de 600 mètres, a été retrouvé vide vers 7 h 15 », explique Hugues Beaulieu, porte-parole de la Sûreté du Québec (SQ).
Une trentaine de patrouilleurs de la police provinciale ont alors été déployés jusqu’à la nuit tombée pour retrouver le sexagénaire, sans succès. Des plongeurs, des embarcations nautiques et un hélicoptère ont notamment été mis à profit.
Un phénomène exceptionnel
Le phénomène qui a causé le débordement de ce ruisseau est tout à fait exceptionnel, d’après Frédérick Boulay, météorologue chez Environnement Canada.
Pas moins de 100 mm de pluie sont tombés dans le secteur entre l’après-midi précédant le drame et le moment où celui-ci s’est produit.
« Au Lac-Saint-Jean, en moyenne, il y a habituellement 84 mm de pluie qui tombe durant tout le mois de septembre. C’est définitivement inhabituel et impressionnant », explique-t-il.
Dans ces conditions, le sol déjà saturé d’eau est incapable d’en absorber davantage. Celle-ci se retrouve alors dans les cours d’eau qui ne cesseront de gonfler, tout en augmentant le débit d’eau.
« Le problème, ici, c’est qu’il y a eu des orages d’imbriqués les uns dans les autres dans le secteur touché. [Saint-Henri-de-Taillon] s’est retrouvé dans un couloir de précipitations, alors que 10 km plus loin, il y a eu moitié moins de pluie », précise M. Boulay.
Une route dangereuse
La colère gronde du côté de certains citoyens du secteur. C’est que le ponceau qui a été détruit par ce « coup d’eau » s’était déjà affaissé le printemps dernier, avant d’être réparé au mois de mai.
« À la fin mai, j’ai fait une plainte à la municipalité parce que la calvette ne fournissait déjà pas. C’est épouvantable ce qui arrive en ce moment, ça aurait pu être évité », peste Guy Tremblay, propriétaire de la terre qui longe le ponceau.
Selon quelques résidents du secteur, la buse utilisée lors des réparations n’était que de trois ou quatre pieds, contrairement aux autres du secteur qui sont de six pieds.
« Ça vaut combien un ponceau par rapport à une vie humaine ? Moi, ça m’insulte parce qu’on a vu l’eau monter tout l’été, on s’est plaint et rien n’a changé », déplore Harold Fortin.
– Avec la collaboration de Martin Lavoie
La Ville réfute les dires des citoyens
SAINT-HENRI-DE-TAILLON | Même si des citoyens affirment que la municipalité a un rôle à jouer dans ce drame, la faute revient principalement à la « crue historique » d’après la Ville d’Alma.
« On avait renforcé de façon significative ce ponceau. C’est un phénomène naturel exceptionnel [...] qui a donné une crue historique, ce qui a fait que ça a emporté le ponceau », a affirmé la mairesse d’Alma, Sylvie Beaumont, lors d’un point de presse.
D’après elle, aucun autre ponceau du secteur n’a été impacté ou endommagé par dame Nature, mercredi. Toutefois, l’aide du ministère du Transport sera demandée pour analyser la situation plus en profondeur.
« C’est un Act of God, du jamais vu. On va investiguer pour comprendre cet événement imprévisible et tragique », a-t-elle indiqué.
Pas de plaintes ?
Une étude hydraulique, ainsi qu’une évaluation du bassin versant seront notamment effectuées.
Questionnée au sujet des plaintes envoyées par des citoyens dans les derniers mois sur les problèmes liés au ponceau touché (voir autre texte), la mairesse a indiqué n’avoir reçu aucun avis en ce sens.
Même chose du côté du maire Laval Fortin, à Saint-Henri-de-Taillon, qui n’a pas souhaité commenter.
Même grosseur de tuyau
« On a vérifié auprès des travaux publics et on n’a eu aucun appel formel pour nous signifier qu’il y avait une problématique particulière. De façon officielle, on n’a pas eu de plainte », dit la mairesse d’Alma.
Concernant la grosseur – problématique, selon des résidents – du tuyau qui a été remplacé en mai, Mme Beaumont a expliqué qu’il s’agissait d’une calvette aux mêmes dimensions que celle qui était là depuis de nombreuses années et « qui convenait ».