Voici un extrait du nouveau roman de Guillaume Musso, Angélique
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Toujours fidèle au rendez-vous, chaque fois excellent, l’écrivain français Guillaume Musso lance cet automne son 20e roman, Angélique. En librairie dès le 20 septembre, ce suspense extrêmement bien ficelé commence à Noël, en 2021, dans un hôpital de Paris. Hospitalisé après un accident cardiaque, l’ex-policier Mathias Taillefer réalise qu’une jeune étudiante, Louise Collange, joue du violoncelle à son chevet. La jeune musicienne bénévole auprès des patients lui demande d’enquêter sur la mort de sa mère, ex-ballerine décédée dans des circonstances étranges. Sans le savoir, ils s’engagent tous les deux dans un engrenage mortel.
En voici un extrait autorisé par la maison d’édition Calmann Levy... histoire de patienter jusqu’à la sortie du livre. Surveillez la publication de l’entrevue avec Guillaume Musso dans le cahier week-end du Journal samedi prochain!
Angélique, Guillaume Musso. Éditions Calmann Levy, 320 pages.
En librairie le 20 septembre.
Extrait
«Resté seul avec Papy Brossard, Taillefer regarda sa montre : il n’était pas encore quatre heures de l’après-midi et il faisait déjà presque nuit. Il porta la main au niveau de la grande cicatrice qui partageait son thorax en deux. Cinq ans et demi qu’il vivait avec le coeur d’un autre. Avec le temps, la balafre s’était atténuée, à mesure que grandissait la crainte de voir un jour son coeur de rechange le lâcher. Il ferma les yeux.
La veille, près des ruches du parc Montsouris, il avait bien cru que son heure était arrivée. Il avait soudainement ressenti une brûlure intense à la poitrine puis l’impression qu’un étau lui compressait le coeur. La douleur avait irradié jusque dans sa mâchoire et l’avait fait chanceler, nauséeux, le souffle coupé, comme s’il venait de disputer une course de demi-fond. Il n’avait repris ses esprits que dans l’ambulance qui le conduisait à Pompidou.
Si les premiers examens et analyses avaient été plutôt rassurants, la peur ne le quittait pas. L’hôpital le tétanisait. Son ambiance sinistre, sa nourriture dégueulasse, l’infantilisation des patients, le pistolet en plastoc dans lequel vous deviez pisser, le risque élevé de choper une infection nosocomiale. Il ne pouvait se défaire de la conviction viscérale qu’on y entrait parfois pour une broutille et qu’on en ressortait les pieds devant.
— Voilà le goûter!
Taillefer sortit de sa torpeur. Louise Collange agitait un sac en papier devant elle.
— Je vous ai pris des crudités, c’est meilleur pour la santé, annonça-t-elle en sortant une salade en barquette.
Il démarra au quart de tour :
— Tu te fous de moi? Pourquoi tu as fait ça? Je t’avais demandé du saumon ou du...
— Du calme, les crudités, c’est pour moi. Le voilà votre sandwich!
Il lui lança un regard noir – pas le genre de blague qui le faisait rire – et déballa son en-cas en ronchonnant.
— Ne te sens surtout pas obligée de me tenir compagnie, l’avertit-il alors qu’elle s’installait sur la chaise à côté de lui.
— C’est vrai que vous êtes flic? Il fronça les sourcils. La journée allait être longue.
— Qui t’a dit ça?
— J’ai entendu les infirmières en parler. Elles disent que vous travaillez à la Crim. Taillefer secoua la tête.
— C’était dans une autre vie. Ça fait cinq ans que j’ai quitté la police.
— Vous avez quel âge?
— Quarante-sept.
— C’est jeune pour la retraite.
— C’est la vie, répondit-il en mordant dans son pain suédois.»
Guillaume Musso, Angélique, Éditions Calmann Levy