Égalité des sexes: un combat perpétuel

« Une moitié de l’espèce humaine est hors de l’égalité, il faut l’y faire rentrer : donner pour le contrepoids au droit de l’homme le droit de la femme. » — Victor Hugo, Lettre du 8 juin 1872 à Léon Richer, rédacteur en chef de L’Avenir des femmes. Nous en sommes encore loin en 2022...

Alors que des femmes et des hommes crient leur rage et leur révolte face à la mort tragique d’une jeune iranienne de 22 ans, préalablement arrêtée parce qu’elle ne portait pas son hijab selon les diktats de son pays, un rapport de l’Organisation des Nations Unies (ONU), au même moment, nous apprenait qu’il faudra près de 300 ans pour atteindre l’égalité entre les hommes et les femmes sur notre planète...

Près de 300 ans, aussi bien dire dans une éternité.

Constat préoccupant

Près de trois siècles pour combler les lacunes en matière de suppression des lois discriminatoires, 140 ans pour que les femmes soient représentées sur un pied d’égalité dans des fonctions de pouvoir et de leadership sur le lieu du travail, et au moins 40 ans pour qu’une représentation égale dans les parlements nationaux soit atteinte.

À la situation des femmes en Iran et en Afghanistan, dont on parle beaucoup, des centaines de millions d’autres, à travers le monde, s’appauvrissent et souffrent en silence ; celles-ci victimes collatérales des guerres, de l’inflation, des changements climatiques, des épidémies et des pandémies.

« Les données montrent indéniablement des régressions dans leur vie, qu’aggrave la crise mondiale, que ce soit en matière de revenus, de sécurité, d’éducation ou de santé », résume ainsi madame Sima Bahous, la directrice exécutive d’ONU Femmes.

Chez nous

Malgré nos prétentions, derrière les pays scandinaves ou l’Allemagne et la Nouvelle-Zélande, mais avant les États-Unis, le Canada se classait en 2019 au 19e rang, sur 156, parmi ceux qui en font le plus pour atteindre l’égalité, selon le Forum économique mondial.

Toutefois, cet organisme nous apprend que trois ans plus tard, les écarts se sont creusés dans 55 pays, notamment en raison de la pandémie de la COVID-19.

Toujours selon cette étude, le Québec occuperait, le 5e rang mondial, ce qui est certes encourageant, mais qui appelle toutefois à la vigilance face à toutes les formes d’extrémisme, à la pauvreté et à la violence dont, trop souvent, les femmes font les frais.

Souvenons-nous du sacrifice de toutes les Mahsa Amini du monde pour faire reculer l’obscurantisme.

Souvenons-nous des reculs nés d’une pandémie. Demain, ce sera quoi ? Pensons, avec un exemple tout près de nous, aux dérives de la droite religieuse américaine qui feront assurément, avec leur position sur l’avortement, reculer la situation des femmes américaines.

Souvenons-nous que l’égalité des sexes représente le plus grand défi en matière de droits fondamentaux.

La clé de voûte : l’accès à l’éducation, à une santé de qualité. Le recul de la pauvreté. La démocratie. La laïcité de l’État.

Et avec une solidarité sincère des hommes, l’égalité des sexes sera réalité avant 300 ans.