Immigration: ce ne sont pas que des erreurs

François Legault n’a plus l’excuse de la maladresse pour ses propos et ceux de ses collègues sur l’immigration.

Pour le chef de la CAQ, ce serait «suicidaire» pour la nation québécoise d'accueillir plus de 50 000 immigrants. Ce sont des propos qui s’ajoutent à la menace pour la paix et la cohésion sociale, ainsi qu’à une éventuelle «Louisianisation» du Québec.

J’espère qu’il n’utilise pas les mêmes chiffres que son ministre de l’Immigration pour se faire une tête.

Jean Boulet a soutenu mercredi dernier que «80% des immigrants s’en vont à Montréal, ne travaillent pas, ne parlent pas français ou n’adhèrent pas aux valeurs de la société québécoise».

Ce n’est pas un candidat poteau inconnu qui a tenu ces propos. C’est le ministre de l’Immigration. C’est lui qui devrait savoir que 80% des immigrants s'installent dans le GRAND Montréal, que 62% travaillent et que plus de 80% peuvent avoir une conversation en français.

• Écoutez la rencontre Yasmine Abdelfadel et Marc-André Leclerc diffusée chaque jour en direct 6 h via QUB radio :

Il devrait aussi savoir que les immigrants doivent passer un test des valeurs avant d’avoir leur Certificat de sélection du Québec.

C’est son gouvernement qui a mis ce test en place.

Donc, quand il dit que 80% des immigrants ne respectent pas les valeurs québécoises, ça vient d'où?

Des excuses, mais...

M. Boulet s’est excusé une semaine trop tard en disant que l’extrait ne reflétait pas sa pensée. Mais à quel moment les mots qu’un ministre utilise ne sont pas ceux qu’il pense!

À l’émission de Mario Dumont, sur les ondes de LCN, François Legault a admis que M. Boulet s’était «disqualifié» et ne sera plus ministre de l’Immigration.

C’est la moindre des choses. Rappelons tout de même que lorsque François Legault dit que «l’immigration est une richesse», il ajoute toujours un «mais».

Quelle est donc la stratégie caquiste?

Soit la CAQ utilise l’immigration comme épouvantail pour changer de sujet.

La bataille des seuils d’immigration a éclipsé des sujets beaucoup plus importants pendant cette campagne comme la santé mentale, la violence armée à Montréal ou l’éducation.

Une jeune femme s’est suicidée après avoir été abandonnée par le système de santé. Elle n’était pas la seule à souffrir sans recevoir les soins adéquats.

Environ un Québécois sur cinq âgé de 16 à 65 ans est analphabète. La moitié de nos écoles est en mauvais état. Il manque de professeurs et de spécialistes. Et c’est tout sauf une liste exhaustive.

C’est beaucoup plus important pour la survie de notre nation, non?

Soit le gouvernement juge qu’il a des gains électoraux à faire en divisant la population.

La survie du français sera toujours un enjeu crucial au Québec. Blâmer les immigrants n’est vraiment pas la solution.

Dans les deux cas, ce sont des humains qui sont instrumentalisés. Des personnes qui sont venues au Québec pour mener une meilleure vie et qui veulent contribuer à la société québécoise.