Explosion des coûts du déneigement résidentiel
La pénurie d’employés ainsi que le coût de l’essence et de la machinerie sont en cause
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Rareté de la main-d’œuvre, explosion du prix du carburant et hausse fulgurante du coût des pièces et de la machinerie. Il faudra payer pas mal plus cher pour faire déneiger son entrée cet hiver, et certains clients pourraient même avoir de la difficulté à se dénicher un déneigeur.
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Non, il n’y aura pas de rabais pour les propriétaires résidentiels à la recherche d’une entreprise de déneigement. Les prix bondissent partout au Québec et personne ne semble y échapper.
Sur la rive sud dans la région de Québec, Déneigement S. Laroche n’a eu d’autre choix que de hausser ses tarifs de 30 à 37 %.
Le copropriétaire de l’entreprise, Steven Laroche, a même publié un message sur sa page Facebook le mois dernier pour expliquer à sa clientèle les raisons derrière cette forte croissance.
«Les clients s’y attendaient. Mais ça fait quand même une grosse hausse d’un coup», convient-il.
À Charlesbourg, Entretien JFB a augmenté ses tarifs de 15 %. «C’est 50 à 75 $ de plus pour une entrée résidentielle», avance le propriétaire de la compagnie, Jean-François Bédard, soit «une des augmentations les plus hautes qu’on a faites depuis des années».
Il précise toutefois que l’entreprise procède par «gradation» et qu’une augmentation est prévue aussi l’an prochain.
Malgré tout, le taux de renouvellement est de 98 %, souligne M. Bédard. «Les clients comprennent notre réalité.»
Pelletage piétonnier plus cher
La situation n’est pas différente chez Entretien P.J.P, à Beauport, où les clients résidentiels paieront 15 à 20 % de plus. Et la note sera plus salée pour ceux qui ont besoin des services de pelletage piétonnier.
«C’est sûr que la hausse est plus que 20 %. On a de la misère à avoir des gars dans les tracteurs, imaginez avoir des employés qui pellettent à la main. Ça peut aller de 30 à 40 %, la hausse de prix», évalue le copropriétaire, Jean-Philippe Perron.
Cette poussée est la plus importante qu’il a jamais envoyée à ses clients, dit-il. « Ce n’est pas du profit qui va aller dans nos poches, c’est juste pour couvrir les frais engendrés. »
L’Association des déneigeurs résidentiels et commerciaux du Québec (ADRCQ) confirme que toutes les compagnies dans leur industrie doivent hausser leurs prix entre 20 % et 40 %.
«Le salaire d’un déneigeur est passé d’environ 19 $/h il y a trois ans à 30 $/h en 2022. Le carburant a aussi augmenté. Si des clients ne sont pas capables de comprendre l’augmentation de leur facture, il y a un problème», mentionne Annie Roy, directrice générale de l’ADRCQ.
Des clients orphelins?
Jean-François Bédard estime qu’il aurait pu prendre jusqu’à 1000 clients de plus cet hiver parce que des déneigeurs près de son secteur ont abandonné le métier ou réduit leurs activités.
Ce qui lui fait dire que des personnes vont devoir sortir leurs pelles et l’huile de coude, faute d’obtenir les services d’un tracteur.
«À l’heure qu’il est, il y a des gens qui n’ont pas de déneigeur. Ils pensent qu’ils vont en trouver un mais ce n’est pas garanti», avance-t-il.
Voir des clients orphelins n’est pas impossible, prédit aussi Steve Laroche. Il cite le cas d’un ami qui a cessé ses activités sur la rive nord dans la région de Québec et dont les clients doivent se dénicher un nouveau déneigeur.
—Avec la collaboration de Francis Pilon, Le Journal de Montréal
Se serrer la ceinture pour payer le déneigeur
Des Québécois qui dépendent d’un déneigeur pour sortir de leur maison en hiver affirment qu’ils devront se serrer la ceinture dorénavant pour payer ce service devenu un luxe.
Francis Pilon, Le Journal de Montréal
«Les coûts sont devenus bien trop exorbitants! On nous demande de payer le double du prix. C’est à se demander si certains déneigeurs n’exagèrent pas cette année», s’inquiète Denyse Dubé.
Cette retraitée habite sur une petite route privée à Québec où il y a 15 résidences, dont la plupart sont à un âge avancé. Le hic, c’est qu’ils doivent eux-mêmes absorber les coûts du déneigement puisque la Ville refuse de souffler la neige sur leur chemin du Lac-Côté fait en gravier.
«L’année dernière, on a payé 635 $ par résidence. Cette année, on a fait deux soumissions. C’est entre 1300 $ et 1500 $. C’est sûr que certains devront se serrer la ceinture. C’est un surplus et on continue à chercher quelqu’un», indique Mme Dubé.
Solutions possibles
Annie Roy, de l’Association des déneigeurs résidentiels et commerciaux du Québec, rappelle que le gouvernement pourrait aider les déneigeurs à diminuer leurs coûts et ainsi réduire la facture des clients.
«On voudrait attirer la main-d’œuvre retraitée dans nos entreprises, mais la plupart d’entre eux ne veulent pas travailler parce qu’ils sont trop taxés. Il faudrait les détaxer», suggère Annie Roy.
Elle propose aussi à Québec de ne plus pénaliser financièrement les chômeurs qui travaillent dans le déneigement 10 h ou 15 h par semaine durant l’hiver.
Pourquoi ça coûte plus cher
- Carburants en hausse de 87 % (en juin 2022)
- Pièces et équipements neufs en augmentation d’environ 30 %
- Pénurie de mécaniciens et hausse importante de leur salaire
- Prix des pneus qui ont bondi jusqu’à 41 %
- Coûts des assurances en augmentation de 35 % depuis 2-3 ans
Source : Association des déneigeurs résidentiels et commerciaux du Québec