L'immigration n'est pas un mot en i
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La campagne électorale dont je ferai le bilan dans ma chronique de demain se terminera sur le thème de l’immigration, sujet aussi glissant qu’explosif.
Or le mot « immigration » ne doit pas devenir un « mot en i », s’ajoutant à la liste des mots innommables dont le « mot en n » est le plus connu.
Ce ne sont pas les errances intellectuelles verbalisées par le ministre de l’Immigration, Jean Boulet, sur ce thème, vite contestées d’ailleurs par son chef, François Legault, qui doivent permettre à des journalistes, qui se prennent pour des porte-voix du « Plateau Mont-Royal », de décréter que le Québec francophone est fondamentalement raciste et xénophobe.
- Écoutez l'édito de Denise Bombardier à l'émission de Richard Martineau diffusée chaque jour en direct 8 h 30 via QUB radio :
LEGAULT RACISTE ?
Le chef de la CAQ, lui, n’est pas raciste lorsqu’il affirme que l’accueil de plus de 50 000 immigrants par an serait « un peu suicidaire » pour le Québec français.
Des journalistes qui vont même jusqu’à déployer leurs connaissances sémantiques en décortiquant le sens « profond » de l’expression « un peu suicidaire » laissent entendre que François Legault considère les immigrants comme une menace à notre existence collective.
La CAQ une fois élue devra au contraire affirmer haut et fort la nécessité d’une immigration pour assurer notre survivance. Mais notre survivance en français.
La volonté d’intégrer les immigrants à la culture de la majorité francophone n’est ni raciste ni xénophobe, répétons-le. De la même façon, exiger que l’on doive vivre au Québec selon les contraintes légales de la laïcité, telles que votées par l’Assemblée nationale en juin 2019, ne fait pas des Québécois des islamophobes.
Le Canada possède sa police idéologique qui sévit dans son service public de Radio-Canada et CBC. De là la résistance du réseau français de radio et de télévision. Il existe bien au Québec une police médiatique, comme l’a écrit récemment mon confrère Mathieu Bock-Côté, et cela expliquerait la peur de nombre de Québécois. On connaît leur extrême frilosité à apparaître intolérants, leur sentiment de culpabilité lié à l’éducation catholique, leur insécurité comme peuple minoritaire inscrite dans leur histoire et leur complexe d’infériorité qui persiste malgré les acquis de la Révolution tranquille.
Il est donc facile de déstabiliser les Québécois de souche, qui conservent par-delà les générations un sentiment d’être coupables avant même d’être accusés.
J’ai des amis immigrants qui sont heureux d’être au Québec. Issus des pays totalitaires ou théocratiques, ils n’arrivent pas à comprendre le réflexe spontané qu’ont les Québécois de s’excuser pour tout et pour rien.
L’immigration sera au cœur des discussions. Il le faut. Pour la majorité francophone et pour les immigrants eux-mêmes.
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NATIONALISME OUVERT
Le nationalisme québécois n’est ni un rejet de l’Autre ni un rejet de l’étranger. Ne sommes-nous pas le seul peuple à s’être dénommé dans les années soixante, lorsque de Canadiens français nous nous sommes redéfinis comme Québécois ? Cette ouverture a été un changement de vocabulaire qui marquait notre désir d’inclusion et une fraternité à dimension universelle.
Il serait intolérable qu’un démolisseur de vocabulaire au nom d’une idéologie qui nie notre distinction pense réussir à nous mettre à genoux, nous qui l’avons été trop longtemps.