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Lobbies: l’art d’embobiner

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Avec sa verve légendaire et son humour acerbe, George Bernard Shaw disait que « Les politiciens, c’est comme les couches pour bébés. Il faut les changer souvent, et pour les mêmes raisons ».

Quand on analyse les dessous de l’arène politique, pareil conseil est, tout compte fait, empreint d’une grande sagesse.

Démocratie

On est tenté de croire que les décisions politiques sont le produit du système démocratique qui nous est si cher. C’est partiellement vrai. Il faut également tenir compte de l’influence des lobbies qui gravitent autour des politiciens et qui parasitent et détournent en leur faveur le processus démocratique.

Les lobbyistes sont nombreux. Au cours du dernier exercice, ils étaient 13 594 à détenir au moins un mandat actif. L’Assemblée nationale ne comptant que 125 sièges, c’est l’équivalent de 108 lobbyistes pour chaque élu. 

Le lobbyiste se moque royalement de l’intérêt général. Le bien-être du citoyen ou du contribuable l’indiffère. Il est payé, le plus souvent par une grande entreprise, pour infiltrer l’appareil politique et tisser des liens avec les détenteurs de pouvoir pour influencer leurs décisions et ainsi faire avancer l’agenda de son client. 

Grâce à ces professionnels de l’influence, des intérêts particuliers soutirent des privilèges politiques qui échappent au radar de la démocratie. Il s’agit d’une pratique offensive contre l’intérêt général qui peut, dans certains cas, créer un terrain propice aux arrangements d’arrière-cour, aux renvois d’ascenseurs et aux échanges triangulaires. Aucun gouvernement, quelle que soit sa couleur ou son époque, n’est à l’abri de tels vautours. 

Injustice sociale

Or, le temps est le meilleur allié de l’art d’embobiner. Plus les élus conservent leur siège longtemps, plus les lobbyistes sont efficaces. Ils deviennent ainsi les grands architectes de l’injustice sociale. En revanche, quand leurs interlocuteurs changent régulièrement, ils perdent de leur emprise, car le travail de manipulation est toujours à refaire. George Bernard Shaw avait donc parfaitement raison !

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