Radio-Canada: des principes oubliés, estime Sophie Durocher
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La direction de Radio-Canada a lancé une invitation à ses journalistes pour participer à une marche dans le cadre de la Journée nationale de vérité et de réconciliation, une situation qui sème des interrogations chez Sophie Durocher.
Lors de sa chronique avec Benoît Dutrizac vendredi à QUB radio, l’animatrice a rappelé que les journalistes sont régis par les normes et politiques journalistiques qui vont encadrer leur travail et les contraindre à un devoir d’impartialité.
«Si on regarde ou on écoute Radio-Canada, nous ne sommes pas supposés savoir de quel bord tu penches, car on te demande une neutralité. Or, quand la direction de Radio-Canada envoie une invitation à tout le personnel d’une salle de nouvelles à participer à une manifestation, tu ne peux pas demander aux journalistes d’être neutres et de leur dire que ce serait bien perçu par la direction qu’ils participent. Quand tu rapportes la nouvelle, tu n’es pas censé être la nouvelle», a-t-elle estimé.
Ancienne employée de Radio-Canada, Mme Durocher reconnaît que la cause des pensionnats autochtones est très noble. Cela dit, elle se demande pourquoi celle-ci a été sélectionnée.
«Est-ce que Mme Tait aurait été à l’aise d’envoyer un courriel aux gens de la salle des nouvelles en leur disant qu’ils allaient manifester devant l’ambassade d’Iran ou pour ou contre la Loi 96 ? Qui décide ce qu’est une bonne cause», s’est-elle interrogée.
Du même souffle, Mme Durocher a déploré que Catherine Tait ait refusé de répondre aux questions des journalistes du «Devoir» prétextant qu’elle était sur son heure de dîner.
«J’aimerais rappeler à Mme Tait qu’au prix que nous la payons et qu’au prix que nous coûte Radio-Canada annuellement (1,5 milliard $) en plus de l’argent supplémentaire octroyé par le gouvernement Trudeau, je crois que nous avons le droit d’aller la déranger pendant son heure de lunch et de lui poser des questions. Je ne pense pas qu’elle ne soit plus présidente de CBC/Radio-Canada entre midi et 13 h. Quelle espèce d’argument de cabochon de dire qu’elle n’est plus dans ses fonctions entre midi et 13 h.»
En guise de conclusion, Mme Durocher a mentionné que des employés de Radio-Canada ont contacté le «Devoir» sous le couvert de l’anonymat en leur disant qu’ils étaient très mal à l’aise par rapport à l’invitation reçue.
«Ce sont des employés protégés par une convention et un syndicat. Quand c’est rendu que des journalistes de Radio-Canada ne sont pas à l’aise de parler à d’autres journalistes du “Devoir” à visage découvert, cela en dit long sur l’omerta qui règne à Radio-Canada et à CBC.»