Le jeu de cartes de Legault
Coup d'oeil sur cet article
Dès l’élection passée, le Québec est entré dans la fièvre des spéculations sur la formation du nouveau conseil des ministres. François Legault a tellement l’embarras du choix que l’exercice devient périlleux pour la suite de la cohésion de son gouvernement de coalition.
Le chef caquiste devra réussir tout un numéro d’équilibriste afin d’assurer le succès de son deuxième mandat.
Équilibre entre les hommes et les femmes, les bleus et les rouges, les différentes régions ainsi que les générations.
À l’interne, on explique que François Legault veut d’abord et avant tout miser sur la compétence, ce qui signifie parfois la continuité.
Certains milieux préféreraient conserver leur ministre. C’est le cas de Mathieu Lacombe qui a la cote dans les CPE et d’André Lamontagne, le favori des agriculteurs.
Mais après un premier mandat sans véritable remaniement, le chef caquiste ne se contentera sûrement pas de reconduire une majorité de ses ministres réélus dans leurs fonctions.
Il doit faire de la place à des candidats de qualité qu’il a lui-même attirés, tout en ménageant les susceptibilités de ceux qui ont patienté sagement depuis quatre ans.
L’ex-ministre et chroniqueur Bernard Drainville, l’ex-PDG de CIUSSS Sonia Bélanger, l’ex-gestionnaire d’Ubisoft Céline Haytayan, Suzanne Roy qui a été présidente de l’UMQ, et la première femme autochtone élue, Kateri Champagne Jourdain, semblent être les incontournables de la nouvelle fournée.
Embouteillage à Québec
Fait rare, Geneviève Guilbault a fait savoir au premier ministre, avant de partir en vacances au début juillet, qu’elle préférait passer le flambeau pour sa responsabilité de la Capitale-Nationale.
Selon nos informations, Jonatan Julien aurait aimé se faire confier cette tâche en 2018 et se retrouve assurément sur les rangs pour lui succéder.
C’est lui d’ailleurs qui a représenté la CAQ lors du débat sur la Capitale-Nationale organisé par la chambre de commerce.
À l’interne, certains ont plaidé pour que la mission soit dévolue à Joëlle Boutin, élue de Jean-Talon, ex-cheffe de cabinet d’Éric Caire, dont la possible entrée au conseil des ministres créerait un embouteillage de représentants de Québec.
François Legault pourrait aussi être tenté de nommer le député de Lévis, Bernard Drainville, à la fois ministre des Transports et de la Capitale-Nationale, ce qui le placerait complètement aux commandes du troisième lien.
Le maire Bruno Marchand a déjà laissé savoir qu’il ne s’offusquerait pas que le responsable de la région soit un élu de la Rive-Sud.
Éducation et autres
Qui sera ministre de l’Éducation? Prédiction toute personnelle, ce pourrait être Sonia LeBel, dont les deux parents ont fait carrière comme enseignants, et qui est une joueuse de confiance du premier ministre.
François Legault avait paru la caser au Conseil du trésor lorsqu’il a évoqué son trio économique en campagne électorale, en nommant aussi Pierre Fitzgibbon et Eric Girard.
Il a par la suite reculé en affirmant que seul Christian Dubé était assuré de conserver son poste à la Santé.
L’ex-procureure de la commission Charbonneau, que l’on pressent comme possible candidate à la succession de François Legault, souhaite sûrement un poste avec plus de visibilité que le Trésor, où l’essentiel du temps est consacré à des négociations derrière des portes closes.
Un ministre de «l’aile bleue» comme Jean-François Roberge ou Mathieu Lacombe pourrait être nommé à la Culture, un poste plus convoité que celui, pourtant crucial, de l’Immigration.
Même chez certains qui souhaitent un appel du PM pour entrer au cabinet, la mission à l’Immigration est considérée comme «délicate».
À tout malheur quelque chose est bon. Les défaites d’Audrey Murray dans Maurice-Richard, de Caroline St-Hilaire dans Sherbrooke et de Jonathan Lapierre aux Îles-de-la-Madeleine retirent quelques pièces du puzzle de M. Legault.