Grand dossier des retraites - Les fondations du RRQ sont solides
Germain

C’est sans doute à force de discuter avec des planificateurs financiers et des actuaires, toujours est-il que je n’ai jamais caché ici mon opinion favorable envers le Régime de rentes du Québec (RRQ).
Au contraire, tellement qu’on m’a déjà taxé de « naïf ». Encore récemment, un lecteur qualifiait le régime de véritable « arnaque ».
Pourquoi ?
Parce qu’au vu des contributions, les rentes ne lui semblaient pas assez élevées.
Autre récrimination connexe : les rendements ne font pas le poids par rapport à ceux des marchés. On me sert souvent la comparaison entre le RRQ et le S&P 500 . Or, c’est comme comparer un autobus à toute épreuve avec une voiture sport capricieuse avec laquelle on risque à tout moment de se retrouver dans le décor.
L’idée ici n’est pas d’apprendre à conduire le char, mais de comprendre la mécanique de l’autobus.
Incomparable
D’abord, dissipons tout de suite un malentendu : nos cotisations ne prennent pas la direction de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) pour être investies. Le RRQ est un régime à capitalisation « partielle ». La majeure partie de nos contributions servent à payer les prestations des bénéficiaires.
Bien oui, c’est un régime de sécurité sociale, et non un pool d’investissement où chacun récupère ses billes et leur plus-value à la fin. Seule une petite partie des cotisations prend la direction d’une réserve gérée par la CDPQ. Et ça achève.
En 2019, les cotisations de tous les travailleurs ont atteint 15,7 G$ et les prestations des bénéficiaires, 15,2 G$, la différence ayant été versée dans le coussin.
L’année dernière, les choses ont basculé : les prestations déboursées par le régime ont dépassé les cotisations des travailleurs. En 2022, la différence avoisinera le 1 G$, laquelle sera comblée par les revenus générés dans la réserve, qui s’élève actuellement à quelque 90 G$. Jusque-là, les rendements de la cagnotte étaient entièrement réinvestis. À partir de maintenant, une partie servira à payer les rentes.
« On peut dire que le régime contribue alors à hauteur de 1 G$ au PIB du Québec », affirme l’actuaire en chef du RRQ, Jean-François Therrien. Et ce montant ira en augmentant, sans freiner la croissance de la réserve, qui grossit désormais sans l’apport des cotisants.
Selon l’actuaire, sur un horizon de 50 ans, la situation du régime de base ne suscite aucune inquiétude. Avec le maintien du taux de cotisation actuel de 10,8 % du salaire (séparé entre l’employé et l’employeur), le fonds est en mesure de remplir sa promesse. Quelle promesse ? Verser une rente, pleinement indexée à l’inflation, équivalente à 25 % des revenus de carrière.
Les cotisations et les prestations sont plafonnées à ce qu’on appelle le « maximum de gain admissible », ou « MGA » (64 900 $ en 2022, indexé sur les salaires).
Rendements plus qu’honnêtes
Comment voulez-vous comparer ça à la Bourse ou à un REER ? Même le parallèle avec un régime d’employeur à prestations déterminées paraît boiteux. Les participants paient la retraite de leurs prédécesseurs, et pendant un temps, ils y ont casqué un plus pour constituer une cagnotte qui produit aujourd’hui des dividendes, sans quoi il faudra majorer les contributions ou réduire les rentes.
C’est une source de revenus stable et garantie à 100 % jusqu’à la mort (indexée, insistons) qui n’a rien à voir avec un actif boursier. Quand même, les rendements offerts par le régime sont plus qu’honnêtes.
Prenez-moi, par exemple. Si je demandais mon « RRQ » à 65 ans et touchais la prestation sur une période équivalant à mon espérance vie (alors de 22 ans), mon rendement réel (après inflation) sera de 2 %. Comme je compte vivre longtemps, il sera meilleur. Si je meurs avant ?
Bah, je serai mort !
UN RÉGIME AMÉLIORÉ, MOINS CHER
Il y a cinq ans, le RRQ annonçait un nouveau volet, le régime supplémentaire, implanté progressivement de 2019 à 2025. Par « implantation », je veux dire « payer plus ». L’effet sera pleinement ressenti quand les personnes nées en 2000 prendront leur retraite.