La terre-neuvienne Mysa avec Hilo
La filiale d’Hydro-Québec vise des économies d’énergie électrique substantielles
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Hilo, une filiale d’Hydro-Québec qui offre un service de maison intelligente clés en main, vient de conclure une entente avec le fabricant de thermostats terre-neuvien Mysa. La filiale voit grand et compte bien être un joueur clé de la décarbonation du Québec.
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Alors que des entreprises d’ici sont prêtes et qualifiées, la filiale d’Hydro-Québec Hilo a préféré s’allier avec une entreprise de Terre-Neuve pour ses besoins en thermostats.
« Nous travaillons déjà avec plusieurs entreprises québécoises comme Sinopé Technologies, Gestion Stelpro ou Elmec. D’autres partenariats seront vraisemblablement créés dans les prochains mois avec des entreprises québécoises », assure Cendrix Bouchard, porte-parole d’Hydro-Québec.
Fondée en 2016 par deux frères, la société Mysa est établie à St. John’s, Terre-Neuve-et-Labrador, et produit des thermostats intelligents pour le chauffage et la climatisation (plinthes chauffantes, planchers chauffants, climatiseurs, mini-thermopompes, etc.).
« Mysa, c’est un fournisseur qui est déjà présent au Québec. Et leur technologie concorde avec les besoins d’Hilo. En fait, il y a beaucoup de clients au Québec qui disposent déjà des équipements de Mysa. Ceux-ci vont pouvoir devenir des clients d’Hilo. »
« Comme une centrale virtuelle »
Hilo est une pièce maîtresse de la stratégie d’Hydro-Québec pour atteindre la carboneutralité d’ici 2050. Selon son plan stratégique 2022-2026, la société d’État dit avoir besoin de 100 TWh d’électricité pour atteindre cet objectif, et compte sur Hilo pour l’atteindre.
« Le but d’Hilo, c’est de gérer les pointes de gestion avec Hydro-Québec. Et ça part beaucoup des thermostats ou les plinthes de chauffage. Le chauffage, c’est environ 55 % de la consommation résidentielle au Québec. Le but c’est d’offrir le plus de possibilités technologiques afin qu’Hydro puisse déplacer le plus de consommation possible », dit Cendrix Bouchard.
« À l’horizon 2030, on vise 640 mégawatts d’économie d’énergie, c’est l’équivalent de la Romaine 2, ou 114 000 résidences ! Hilo, il faut le voir comme une centrale virtuelle. Tout ce qui est déplacé par Hilo en période de pointe, c’est l’équivalent d’une centrale qu’on n’a pas besoin de construire », ajoute-t-il.
L’entreprise refuse de dire combien de foyers sont dotés des installations de la filiale d’Hydro-Québec. Mais ceux-ci se compteraient « dans les milliers », selon le porte-parole.
En 2018, le PDG d’Hydro-Québec Éric Martel s’inquiétait d’une « spirale de la mort » pour Hydro-Québec si les gens optaient de plus en plus pour la maison intelligente.
« Si les gens commencent à autoproduire avec du solaire, ils consommeront moins. Mais on a autant de transformateurs, de fils électriques à acheter. Donc, les tarifs vont monter. Ce qui va rendre l’autoproduction encore plus rentable. C’est ça, la spirale meurtrière », disait Éric Martel à l’époque.
Encore loin des objectifs
La théorie de la spirale de la mort tient-elle encore aujourd’hui ?
« Évoquer la spirale de la mort, c’était peut-être alarmiste. Le marché a évolué, et on n’avait pas saisi à l’époque le défi de décarboner tout. Encore aujourd’hui, on n’est pas près du tout des objectifs qu’on se fixait il y a quelques années », rappelle François Bouffard, professeur au Département de génie électrique et informatique à l’Université McGill.
« Au Québec, il y a 700 maisons qui ont des installations solaires au moment où on se parle. Le portrait n’est vraiment pas le même qu’en Californie ou en Arizona. En ce moment ici, ce n’est pas très significatif. La transition énergétique demande une certaine humilité, il faut suivre l’évolution et la technologie et rester à l’écoute des clients », conclut Maxence Huard-Lefebvre, porte-parole d’Hydro-Québec