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«Famille royale»: Stéphane Rousseau révèle ses secrets les plus intimes dans sa biographie

L’humoriste lance mercredi sa biographie

Stéphane Rousseau
Photo Chantal Poirier Stéphane Rousseau lancera sa biographie, Famille royale, lors d’un lancement mardi soir, au Snowbird Tiki Bar.

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À 56 ans, Stéphane Rousseau lève le voile sur sa vie rocambolesque. Sa fascinante biographie, judicieusement titrée Famille royale, révèle les détails parfois très crus d’une enfance et d’une adolescence au sein d’une famille aimante, mais dysfonctionnelle, où se côtoyaient la maladie, la mort, la sexualité et l’humour.  

L’ouvrage est un véritable page-turner. Les anecdotes aussi absurdes que dramatiques s’enchaînent page après page, nous laissant pantois et parfois perturbé à la lecture de certains passages. Bien qu’il confie avoir «adouci» certains bouts de son histoire, Stéphane Rousseau prend le pari d’aller très loin. 

Stéphane Rousseau
Photo courtoisie

L’humoriste détaille même de façon assez explicite ses premières expériences sexuelles précoces et juvéniles, entre le récit de sa mère malade, ses débuts comme humoriste dans les bars de danseuses et son enfance exhibitionniste dans un camping nudiste. L’histoire de sa vie est teintée par la relation avec son père, un homme aussi tendre qu’autoritaire – il a connu l’époque de la strap – qui aimait un peu trop les femmes et l’alcool, source de profondes déceptions.  

Grâce à son écriture imagée, on plonge dans le Québec ouvrier des années 70 et 80, à l’époque où Dominique Michel, les jeans Parasuco et les magasins Steinberg connaissaient leur heure de gloire. Sa grand-tante Mary et sa copine, Bessy, ses voisins hypersexualisés du camping, ses premières blondes, sa sœur malheureuse: son récit est truffé de personnages attachants et colorés. 

L’humoriste, acteur et peintre ne cache pas son angoisse à l’idée que tout le monde connaisse désormais sa véritable histoire. Il a commencé à écrire il y a cinq ans sous la forme d’une série de fiction, question de faire la paix avec son passé, mais aussi parce qu’il trouvait sa propre histoire «intrigante, fascinante, surprenante». 

«C’est vertigineux. Je ne sais pas comment les gens vont réagir. Mais je ne voulais pas faire les choses à moitié. Peut-être qu’on se reparlera dans six mois et je te dirai: mais quelle connerie j’ai fait!» dit-il en riant lors d’un entretien avec Le Journal

Stéphane Rousseau
Photo Chantal Poirier

«Plusieurs personnes sont décédées, mais ma plus grande crainte, c’est de blesser des gens qui restent. Disons que je ne me serais pas permis de le faire avant», dit-il.  

D’ailleurs, il n’a pas encore été capable de parler de l’existence du livre à Marguerite, la dernière femme de son père. «Elle ne l’a pas lu et ne le lira probablement pas.» 

La mort et la maladie au quotidien 

Chez les Rousseau, la mort et la maladie faisaient partie de la vie quotidienne. Son père, Gilles, sa mère, Berthe, et sa sœur, Louise, ont tous été emportés par le cancer. «Les salons funéraires, c’était comme ma troisième maison, après l’hôpital», écrit-il.  

Stéphane Rousseau raconte notamment de façon poignante, avec son regard d’enfant, comment il a composé pendant cinq ans avec la maladie de sa mère, qui avait subi une colostomie. Elle est décédée alors qu’il n’avait que 12 ans.  

«C’est clair que ça a forgé qui je suis aujourd’hui. Mais ça n’a pas que du mauvais, philosophe-t-il. J’ai grandi à travers ça, je suis devenu sensible et conscient que rien n’est acquis, rien ne peut durer toute une vie.» 

Une relation père-fils houleuse 

Malgré tout, l’humour était toujours au rendez-vous à la maison, entre autres grâce à son père, «la mascotte de mes soirées», écrit-il. Son père qui, par un mauvais coup du destin, a lui aussi dû subir une colostomie, comme sa mère. Un passage très émouvant. 

Mais son paternel, un amateur de chasse, de pêche et de taxidermie, avait aussi ses côtés sombres. Quand Stéphane Rousseau a découvert qu’il avait tenté d’écouter un film porno avec une de ses ex, et qu’il avait ouvert un salon de massage pour femmes seulement dans son sous-sol tapissé de posters de son fils vedette, c'en était trop: les deux hommes ne se sont pas parlé pendant un an.  

«J’ai complètement pardonné à mon père, affirme spontanément Stéphane Rousseau. C’était un bonhomme de son temps. Il y a des choses qui ne se font pas, mais ce qui est fait est fait. Mais ça a été très dur sur le coup.»  

L’humoriste se considère tout de même «privilégié» d’avoir vécu cette enfance pas ordinaire et il témoigne que son père l’aimait profondément. «D’un autre côté, mon père nous a donné des ailes à ma sœur et moi, même si, pour ma sœur, c’était plus difficile. Je pense qu’elle avait saisi ses patterns plus vite que moi», ajoute-t-il. 

Le drame jamais loin  

Si Stéphane Rousseau a réussi à rester sain d’esprit à travers les crises familiales, c’est parce qu'il s’est réfugié très jeune dans un imaginaire comique, se passionnant pour le dessin, les costumes, l’humour. 

Incroyable de penser qu’à 13 ans, il était en tournée dans les bars du Québec en compagnie de Roméo Pérusse, même dans les bars de danseuses. Il raconte, entre autres, la frousse qu’il a eue lorsqu’il a joué devant des Hells. «J’y ai appris toute ma répartie et comment improviser», se souvient-il. 

Après avoir enchaîné de petits boulots (les anecdotes sur les endroits où il a travaillé sont savoureuses), Stéphane Rousseau a connu une ascension fulgurante comme humoriste. Mais les drames n’étaient jamais bien loin. Il a vécu dans la même semaine le décès de sa sœur, Louise, qui n'avait que 48 ans et l’animation d’un gala d’humour avec Frank Dubosc, tout ça quelques semaines à peine après la naissance prématurée de son fils. 

C'est son fils qui, avoue-t-il, lui a appris à aimer. «Moi, je voulais être aimé à tout prix. L’important, c’était que les gens m’aiment. Mais pour moi, aimer, c’était plus ou moins important. J’ai toujours été quand même assez habile pour faire semblant. Mais j’ai changé», rassure-t-il, disant du même souffle qu'il est dans une très belle période de sa vie sur le plan amoureux. 

Après la lecture de son histoire, on comprend beaucoup mieux le bouffon et l’artiste peintre qu'est Stéphane Rousseau. Son histoire est en pleine cohérence avec l'ensemble de son œuvre, que ce soit sur scène ou lorsqu’il peint ses monstres et ses démons. 

«J’ai toujours trouvé que lorsque l’humour côtoie le drame, c’est intéressant. Je n’ai jamais fait de thérapie. L’art a toujours été un exutoire pour moi. Et dans mes dessins, il y a toujours ma sœur, que je dessine toute petite quelque part.» 

Faits saillants: 

La biographie Famille royale, publiée chez KO Éditions, paraîtra mercredi en librairie. 

EXTRAITS

«À midi, elle s'est éteinte. Elle pesait quarante-cinq livres au moment de son décès. Moi, pendant ce temps, je jouais dans la cour avec mes deux petites voisines. On se montrait nos sexes dans une piscine turtle quand ma sœur est sortie pour m'annoncer: “Enwouèye, rent'en'dans, le frère. Môman est morte.”» 

«Un an après le décès de ma mère, même si sa chambre avait été soigneusement repeinte, l'odeur perdurait encore. Ça m'a laissé une sorte de don. Quand j'entre dans un hôpital, que je passe devant une chambre et que je sens cette odeur si particulière, je sais que la personne qui y dort n'en a plus pour très longtemps.» 

«C'est donc en secondaire 1 que j'ai commencé à faire la tournée des bars. Des bars tous plus misérables les uns que les autres. Mon père buvait de plus en plus, ma sœur se refermait, ma mère était morte. Moi, je triomphais entre deux danseuses nues dans un trou de Sorel, une brasserie, des pubs et des discothèques.»

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