Harcèlement extrême de sa supérieure: l’ex-fiscaliste non criminellement responsable
Coup d'oeil sur cet article
L’ex-fiscaliste de Deloitte qui avait harcelé pendant 15 mois une supérieure dont il était tombé amoureux a finalement été déclaré non criminellement responsable, comme le demandait la Couronne.
• À lire aussi: Un fiscaliste aurait harcelé intensément une patronne
• À lire aussi: Harcèlement de sa supérieure: un accusé croyait que Martin Matte se moquait de lui
• À lire aussi: Harcèlement d’une supérieure: un enjeu de santé mentale, dit la Couronne
«On est satisfaits, c’est la décision qui va le mieux assurer la protection de la victime et de la société», a commenté Me Patrick Lafrenière, de la poursuite, ce lundi au palais de justice de Montréal.
Le jury aura donc délibéré pendant deux journées complètes avant de rendre son verdict concernant Philippe Dubé, 30 ans, qui était accusé de harcèlement envers une experte en fiscalité.
L’affaire avait commencé en 2020, quand Dubé avait été embauché par la firme située au centre-ville de Montréal.
Rapidement, il s’est amouraché d’une supérieure, mais même après s’être fait dire que leur relation resterait seulement professionnelle, ça ne l’a pas refroidi, bien au contraire.
- Écoutez le segment tout savoir en 24 minutes avec Alexandre Moranville au micro de Mario Dumont sur QUB Radio :
Obsession
Ainsi, Dubé s’est mis à suivre la victime, même jusqu’à l’épicerie. Une autre fois, il lui aurait envoyé des fleurs.
«Il était obsédé par elle», avait plaidé la Couronne, rappelant que des agents de sécurité avaient été embauchés pour la protéger et qu’à plusieurs reprises elle avait dû aller dormir chez des amis.
Mais en même temps qu’il la bombardait de messages, Dubé s’était mis à imaginer des complots concernant Deloitte. Dans ses délires, il s’était même mis à croire que l’humoriste Martin Matte lui parlait directement à travers ses publicités pour l’épicerie Maxi.
Et bien souvent, la victime était au centre de ces complots imaginaires.
«Même un homme éduqué peut souffrir de problèmes de santé mentale», a rappelé Me Lafrenière.
À un moment, Dubé avait été hospitalisé, mais il avait continué, parlant même de tuerie et disant être «dangereux si libéré».
Craignant pour sa sécurité, la victime a finalement porté plainte à la police.
Inhabituel
Détenu préventivement depuis près d’un an, Dubé niait tout trouble psychiatrique et refusait le verdict de non-responsabilité criminelle.
«Elle s’est peut-être vue comme une victime, mais je ne pense pas être la cause de sa peur, avait-il dit lors de ses plaidoiries. Si elle n’aimait pas mon contenu sur Facebook, elle aurait juste pu me bloquer. Je ne pouvais pas savoir qu’elle se sentait harcelée.»
C'est l'ex-fiscaliste, lequel se défendait seul, qui avait réclamé un procès devant jury, en espérant être acquitté.
La Couronne, de son côté, estimait qu’il s’agissait d’un dossier de santé mentale.
Si cette position est aussi rare qu’inhabituelle, c’est que si Dubé avait simplement été reconnu coupable, avec la détention préventive, il risquait d’être prochainement libéré.
En étant déclaré non criminellement responsable, il devrait être interné, jusqu’à ce qu’il ne représente plus un danger ni pour la victime ni pour la société.
Dubé reviendra devant la juge Myriam Lachance, ce jeudi, afin de finaliser le dossier.