/opinion/columnists
Navigation

Les confortables pantoufles de la nouvelle gauche

Les confortables pantoufles de la nouvelle gauche
Photo AFP

Coup d'oeil sur cet article

Des jeunes attaquent des tableaux de Van Gogh et de Vermeer dans les plus grands musées du monde.

Attaquer la beauté est censé nous faire comprendre qu’il faut abandonner le pétrole. 

Conquêtes

Après leur arrestation, ces crétins doivent téléphoner à leurs parents sur un cellulaire en plastique qui nécessite du pétrole pour être fabriqué, mais bon...

Ils utiliseront Facebook et Twitter pour faire connaître leur «exploit», enrichissant Zuckerberg et Musk, les maîtres de ce capitalisme honni, mais bon...

Le capitalisme et sa société du spectacle récupèrent tout, absolument tout, y compris leurs contestataires.

La même tournure d’esprit habite ceux qui traquent un mot, veulent purger les bibliothèques des livres d’une autre époque, veulent censurer un film, une pièce de théâtre, etc.

Comment expliquer la stupidité profonde de cette nouvelle gauche? 

Ces jeunes ont soif d’absolu, soif de pureté, soif de se démarquer de la génération précédente, soif de marquer notre époque de leur propre empreinte.

Chaque nouvelle génération, y compris la mienne jadis, est similaire à cet égard. Ce qui change, ce sont les causes qui servent de véhicule.

Il y a là quelque chose qui tient du rite initiatique, du baptême pour marquer officiellement l’entrée dans la société en tant qu’individu autonome.

Dans vingt ans, ils s’en souviendront avec nostalgie, comme tant d’entre nous, aujourd’hui assagis et «embourgeoisés», se souviennent de nos premières manifestations en faveur des causes de notre époque. 

La question demeure cependant : comment expliquer le caractère puéril, infantile, des croisades de cette nouvelle gauche, qui nuisent souvent aux causes qu’on dit défendre?

Une partie de l’explication tient au fait que la gauche est rattrapée par son propre succès historique. 

Jadis, un ouvrier travaillait six jours par semaine, douze heures par jour, sans le moindre droit ou presque.

Se regrouper en syndicat pour défendre des droits collectifs était carrément illégal et passible de prison.

Il n’y avait pas d’assurance-maladie universelle.

Il n’y avait pas d’éducation publique pour tous.

Il n’y avait pas d’assurance-chômage.

Il n’y avait pas d’aide sociale.

Il n’y avait pas de pensions de vieillesse.

Il n’y avait pas d’indemnisation en cas d’accident de travail.

Il n’y avait pas de prêts et bourses.

Il n’y avait pas de subventions aux arts, sauf pour les artistes rattachés à la noblesse.

Il n’y avait évidemment pas d’égalité entre les hommes et les femmes.

Il n’y avait pas une panoplie de droits individuels que vous pouviez invoquer devant des tribunaux indépendants.

Et je pourrais continuer longtemps.

Microcombats

Toutes ces conquêtes, toutes ces avancées ne furent pas de gentils cadeaux des patrons.

Elles furent l’aboutissement de longs combats, souvent sanglants, menés par la gauche traditionnelle.

Aujourd’hui, on tient tout cela pour acquis.

Forcément, quand l’essentiel est acquis, mais que vous devez absolument avoir VOTRE combat, VOTRE cause, sans cependant vouloir sacrifier votre confort matériel, il vous reste des microcombats, ou de vraies causes gâchées par des comportements d’enfant gâté.

Commentaires

Vous devez être connecté pour commenter. Se connecter

Bienvenue dans la section commentaires! Notre objectif est de créer un espace pour un discours réfléchi et productif. En publiant un commentaire, vous acceptez de vous conformer aux Conditions d'utilisation.