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Essai: un voyage au cœur de notre propre planète

Ici la Terre
Photo courtoisie

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Le géologue et professeur Frédéric Bouchard adore les pierres, et il a appris à les décrypter, à la manière d’un détective. 

À travers ses recherches, il a su déceler ce que la croûte terrestre recèle en son for intérieur, des secrets de toutes sortes qui remettent les pendules à l’heure. Comme, par exemple, qu’il est faux de dire que la forêt amazonienne représente « le poumon de la planète ». 

« Car l’oxygène que l’on respire à la surface terrestre provient plutôt majoritairement des océans, c’est-à-dire du plancton marin qui en produit des tonnes et des tonnes par photosynthèse. » 

Mais il va plus loin dans le déboulonnage de certains mythes « agaçants, voire irritants ». La planète n’a pas besoin d’un messie, elle se sauvera elle-même sans nous, dit-il. Préoccupons-nous plutôt de la qualité de l’air ambiant, de la pérennité de nos ressources d’eau, de la santé de nos sols. 

Le géologue iconoclaste a retenu ici dix découvertes majeures qui, au cours des siècles derniers, ont changé notre perception du monde dans lequel nous vivons. Il nous convie donc à un voyage dans le temps et sur de hauts lieux de la culture universelle. 

En évolution constante

Première station : Florence, en Italie, où une simple dent de requin va remettre en question certains principes bibliques et nous éclairer sur la stratification et la formation des montagnes.

Puis nous nous transportons en Écosse, vers la fin du XVIIIe siècle. S’il faut en croire la Bible, la Terre aurait six mille ans. Des scientifiques vont découvrir à travers l’étude des strates et des érosions que la Terre est beaucoup plus vieille et qu’elle évolue depuis toujours. Découverte capitale qui va inspirer, 100 ans plus tard, Charles Darwin et sa théorie de l’évolution.

Nous nous rendons ensuite à Paris, pendant la Révolution française, qui fit tomber non seulement des têtes, mais aussi quelques vieilles coutumes. C’est à cette époque qu’on adopte le mètre, en remplacement des anciennes mesures où règne un fouillis indescriptible, d’une région à l’autre, d’où l’expression « deux poids, deux mesures ». Pendant sept ans, deux astronomes vont parcourir et mesurer la France du nord au sud, entre Dunkerque et Barcelone. Le 22 juin 1799, « la nouvelle règle d’un mètre de long est présentée en grande pompe, aux membres des deux conseils du Directoire », puis déposée aux Archives nationales.

Savez-vous qu’il existe une carte géologique de la Grande-Bretagne « montrant les houillères et les mines, les marais et les plaines marécageuses à l’origine inondées par la mer, ainsi que les variétés de sols en fonction des variations des couches souterraines » ? Elle a demandé une quinzaine d’années de labeur. Un projet ambitieux « qui va propulser à l’avant-scène la géologie naissante », au XIXe siècle. 

Glaciations et pergélisol

Avec Louis Agassiz, considéré comme le « père autoproclamé de l’idée des grandes glaciations dans le passé géologique », nous apprenons que le nord de l’Europe, une partie de l’Asie et de l’Amérique du Nord ont connu une période de glaciation intense. Malheureusement, Agassiz est un fervent raciste qui s’opposera aux théories de Darwin. 

Il y a aussi l’histoire de l’explorateur russe Alexander von Middendorff, le découvreur, en Sibérie, du pergélisol, « la glace-qui-ne-fond-jamais ». 

Celle de l’astronome allemand Alfred Lothar Wegener, « un des scientifiques les plus marquants des sciences de la Terre », dont la dépouille repose « à plus d’une centaine de mètres de profondeur sous la surface enneigée et balayée par les vents glacés du Groenland, momifiée par le froid depuis près d’un siècle ». Selon lui, les cratères lunaires étaient d’origine météoritique et non volcanique, ce que confirmera, un demi-siècle plus tard, la mission Apollo. 

Aussi celle des géologues étatsuniens Marie Tharp et Bruce Heezen, spécialistes des fonds marins, qui poseront les premiers jalons de la théorie de la tectonique des plaques. On leur doit la réalisation de la première carte mondiale du fond des océans. Puis Clair Cameron Patterson, géochimiste du California Institute of Technology pendant quatre décennies, a su déterminer l’âge absolu de la Terre. Soit quatre milliards et demi d’années. 

La géologie est loin d’avoir dit son dernier mot !

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