Une entreprise tire profit de l'engouement pour le jardinage apparu durant la pandémie
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L'engouement pour le jardinage apparu durant la pandémie a été à ce point marqué qu’un producteur de semences biologiques de la région de Lanaudière est maintenant en pleine expansion.
Quand Jean-François Lévêque et Guylaine St-Vincent ont fondé les Jardins de l'Écoumène en 2002, à Saint-Damien, jamais ils n'auraient cru que les gens finiraient par s'intéresser autant à leurs semences. «À cette époque, on nous croyait fous de s'intéresser aux semences à pollinisation libre et aux variétés patrimoniales», raconte M. Lévêque, en entrevue.
Les choses ont subitement changé durant la pandémie, explique-t-il. « Il y a eu ce discours du premier ministre, où il a encouragé les gens à acheter local et leur a dit qu'il fallait s'orienter vers l'autonomie alimentaire. À partir de ce moment-là, les gens se sont rués sur les paniers de légumes bios et sur les semences. On est passé de 100 commandes par jour à plus de 8000 commandes en attente à la mi-janvier 2021.»
Le producteur se rappelle qu’à ce moment il y a eu pénurie à travers tout le réseau semencier nord-américain.
Sa conjointe et lui ont donc enfin pu envisager de sortir les activités des Jardins de l'Écoumène du sous-sol de leur résidence pour les transférer dans un nouveau bâtiment de 12 000 pieds carrés qui a été récemment inauguré. Leur équipe est passée de neuf à 28 employés. Dans ce nouveau bâtiment, un magasin de semences où les clients peuvent obtenir des conseils est maintenant ouvert 12 mois par année.
Le semencier juge avoir augmenté la quantité de sachets de semences distribués de 50 % depuis trois ans. «Ça nous a permis d'avoir un levier économique pour présenter le projet de ce nouveau bâtiment et ainsi obtenir du financement. Avec cet espace, on aura les conditions pour poursuivre notre mission et mener à bien nos projets», dit Jean-François Lévêque.
Grâce à un investissement de 4 millions $, qui a permis l'achat d'équipements et la construction du bâtiment, les Jardins de l'Écoumène ont également pu acquérir de nouvelles terres à Saint-Jean-de-Matha, municipalité voisine. L'entreprise passera ainsi d'une superficie de 3 hectares à 15 hectares en culture, multipliant d'autant la production de semences.
«Ces nouveaux jardins vont emmener notre production à une autre échelle. Je ne sais pas si l'engouement pour les semences se poursuivra aussi intensément, car beaucoup de gens se sont improvisés jardiniers et se sont peut-être rendu compte que ce n'est pas si facile de faire pousser des légumes, mais il y a vraiment une prise de conscience qui s'est faite. Avec le recul, je pense que cette pandémie a été comme un exercice, une simulation de crise alimentaire, comme il pourrait nous en arriver d'autres dans le futur. Les gens veulent être prêts à ça», dit Jean-François Lévêque.