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Les émotions vécues devant l’art

Une étude est menée par la MNBAQ et l’Université Laval

MNBAQ/ Denis Legendre
Photo courtoisie, MNBAQ/ Denis Legendre Une participante de l’étude note ses émotions devant l’oeuvre Kanaka (1962) de Marcelle Ferron.

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L’art visuel ne laisse pas indifférent et de nombreuses études ont prouvé ses bienfaits. Mais que ressent-on vraiment devant une œuvre ? Le Musée des beaux-arts du Québec (MNBAQ) mène actuellement une importante étude avec un groupe de chercheurs de l’Université Laval pour tenter d’identifier les émotions précises ressenties devant des œuvres d’art.

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Si les résultats sont concluants, il pourrait s’agir d’une petite révolution dans le monde muséal.  

D’ici la fin du mois de décembre, 104 cobayes participeront à l’étude entre les murs du musée de la capitale. 

Âgés entre 18 et 80 ans et recrutés parmi les membres du musée et la communauté universitaire, les participants sont invités à défiler devant 16 œuvres d’art soigneusement choisies dans la collection du MNBAQ, aux caractéristiques volontairement très différentes.  

Pour identifier les émotions et les réactions physiologiques que suscite le contact d’une œuvre, l’étude se sert de la psychologie cognitive et de la neuro-ergonomie. Ainsi, les participants portent des lunettes qui enregistrent le mouvement de leurs yeux, une montre qui capte les fréquences cardiaques, et un micro qui enregistre leurs réactions verbales et les inflexions de la voix. Ils sont aussi invités à identifier sur une tablette électronique l’émotion qu’ils ressentent. 

« Cette première phase du projet va nous permettre de voir si c’est vraiment possible d’attribuer une valence émotionnelle à une œuvre, ou si c’est impossible parce qu’il y a trop de variabilité dans l’émotion qui est ressentie selon les individus », souligne la chargée de projets spéciaux du MNBAQ, Annie Bérubé. 

On veut aussi déterminer si des œuvres aux caractéristiques similaires provoquent des émotions similaires, car le MNBAQ ne peut pas étudier les émotions face aux 40 000 œuvres de sa collection. « Il faudra trouver une façon d’extrapoler », note Annie Bérubé.  

À quoi ça sert ? 

Connaître les émotions précises des visiteurs devant des œuvres, « ça ouvre tout un monde sur comment on peut présenter les œuvres d’art », explique le directeur du MNBAQ, Jean-Luc Murray. 

La façon de monter les expositions pourrait être complètement repensée, « avec des parcours muséaux qui seraient rythmés par la fluctuation et l’intensité des émotions, explique Annie Bérubé. Les parcours pourraient être personnalisés, car les visiteurs ne viennent pas tous au musée pour la même raison. L’idée derrière ce grand projet est d’offrir aux équipes du musée de nouveaux outils pour revoir l’expérience muséale. » 

Le MNBAQ projette même de monter les expositions du futur espace Riopelle, dont la construction débutera en 2023, avec les résultats de cette étude. 

« Par exemple, on pourrait placer une œuvre qui suscite une émotion négative à côté d’une autre qui suscite une émotion positive. On veut jouer avec cette dimension-là », précise Jean-Luc Murray. 

Première mondiale 

Si les résultats sont concluants, il pourrait s’agir d’une petite révolution dans le monde muséal, se réjouit le directeur du MNBAQ. Aucune étude similaire n’a déjà été faite ailleurs dans le monde dans un contexte muséal, soutient-il. 

Il faut savoir que le Musée de la civilisation mène actuellement sa propre étude qui sera complémentaire à celle du MNBAQ. 

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