Parti Vert: Plus d'un tiers des membres ont claqué la porte
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OTTAWA – Le nouveau chef du Parti vert du Canada, qui sera connu samedi, héritera d’une organisation considérablement diminuée qui a perdu plus d’un tiers de ses membres au cours des 18 derniers mois.
Le Parti vert a perdu 35% de ses membres depuis mai 2021, passant de 34 000 à 22 000 membres entre mai 2021 et octobre 2022. Au Québec, la saignée est encore plus sévère avec 37% moins de membres (de 3 500 à 2 200).
L’hémorragie a débuté quand le Parti est entré en conflit avec son ex-cheffe Anami Paul, première cheffe noire et juive des Verts. Mme Paul a claqué la porte en septembre 2021 accusant l’organisation de racisme et de sexisme.
Six candidats, dont trois Québécois, tentent de la remplacer. L’ex-cheffe Elizabeth May se présente avec le militant pour les droits humains, Jonathan Pednault, comme coéquipier.
Le duo est perçu comme meneur de la course devant une autre équipe formée de deux militants écologistes de longue date, Anna Keenan et Chad Walcott. Leur élection à titre de cochefs nécessiterait un changement de la constitution du parti.
Pas de progrès pendant la course
Les courses à la chefferie sont normalement une occasion de faire le plein de nouveaux membres. Les Verts avaient d’ailleurs considérablement gonflé leurs rangs au cours de la course qui a mené à l’élection de Mme Paul en octobre 2020.
Mais cette fois, après deux mois et demi de campagne, ils n’ont pu que stopper l’hémorragie.
«Il y a de nouveaux membres avec la course à la chefferie, et de nombreux membres ont décidé de renouveler leur adhésion après l'avoir laissé expirer, mais ce n'est pas suffisant pour compenser les pertes» , indique une source interne au parti.
En comparaison, le Parti conservateur a recruté plus de membres que jamais au cours de sa campagne au leadership ces derniers mois.
675 000 membres ont voté au terme de la course qui a mené Pierre Poilievre au pouvoir en septembre, soit 60% plus que lors de l’élection du précédent chef, Erin O’Toole, en août 2020.
Boudé dans les urnes
Et il n’y a pas que les membres qui tournent le dos au parti. Les électeurs ont aussi largement boudé les candidats verts au dernier scrutin fédéral, l’automne dernier, au point que les Verts ont connu leur pire performance électorale en 20 ans.
Avec à peine 2,3 % des voix exprimées, le parti écologiste s’est classé cinquième, derrière le Parti populaire de Maxime Bernier.
1,2 million d’électeurs avaient pourtant voté vert en 2019 (6,5 % du vote populaire). Pour la première fois, trois députés verts avaient été propulsés à la Chambre des communes.
Au 13 novembre dernier, le parti récoltait 3,7% des intentions de vote, selon l’agrégateur de sondage Québec125.
Qui sont les candidats
Elizabeth May et Jonathan Pedneault
Mme May a dirigé le Parti vert entre 2006 et 2019. Elle est députée de la circonscription de Saanich—Gulf Islands, en Colombie-Britannique, depuis 2011. Auparavant, elle a dirigé l’organisation écologiste Sierra Club Canada.
M.Pedneault a été journaliste et documentariste pigiste avant de devenir enquêteur pour Human Right Watch. Il a auparavant milité au sein des jeunes libéraux du Canada et a envisagé de se présenter dans la circonscription fédérale de Longueuil-Pierre-Boucher sous la bannière libérale.
Anna Keenan et Chad Walcott
Mme Keenan est diplômée en physique et en économique de l’université du Queensland, en Australie. C’est une ancienne militante de Greenpeace internationale en Europe. Elle s’est présentée sous la bannière verte aux deux dernières élections fédérales dans la circonscription de Malpeque à l’Île-du-Prince-Édouard.
M. Walcott s’est lui présenté aux élections provinciales dans la circonscription de Notre-Dame-de-Grâce sous la bannière du Parti vert du Québec avant d’être expulsé par le chef controversé du parti Ale Tyrrell dont il contestait le leadership. Le Montréalais est expert en engagement communautaire et en collecte de fonds.
Simon Gnocchini-Messier
Ex-militant néodémocrate, M.Gnocchini-Messier a été directeur de campagne et agent officiel de la candidate du NPD dans Brome-Missisquoi en 2015. Il s’est aussi présenté pour le parti dans Shefford en 2008. En 2021, il était candidat du Parti vert dans la circonscription fédérale de Hull-Aylmer, en Outaouais. Il enseigne le français à l’École de langues des Forces armées canadiennes où il supervise une équipe d’enseignants.
Sarah Gabrielle Baron
Mme Gabrielle Baron est enseignante à l’île Manitoulin, en Ontario, où elle exploite également un centre de villégiature. Elle s’est présentée sous la bannière verte en 2006 dans Algoma-Manitoulin-Kapuskasing, en Ontario, puis comme indépendante dans Durham, en banlieue de Toronto, en 2021.