L’insoupçonné et parfait mariage de la boxe et l’autisme
« Je n’ai jamais vu mon enfant avec un aussi beau sourire »
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La boxe a transformé la vie de quatre enfants autistes de Québec. Grâce à l’entraînement de groupe, ces jeunes de 9 à 11 ans ont gagné en confiance. Maintenant, ils peuvent dire que, comme les autres, ils pratiquent un sport et font partie «de la gang».
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Chaque samedi matin, Ryan Beaudoin, Alexis Bonneau, Antoine Fiset et Adam Dubé ont des fourmis dans les jambes. Ils se préparent à l’avance et ne veulent surtout pas arriver en retard à leur cours dans les locaux de l’Académie de boxe de Val-Bélair.
Depuis des années, ils voient leurs collègues de classe pratiquer le hockey, le soccer et combien d’autres sports.
En raison d’un manque de coordination et d'une difficulté d'adaptation sociale, ils ne peuvent se joindre à ces équipes, mais maintenant, c’est à leur tour de se dépasser et de rêver.
«Il est fier de lui, c’est rendu que son idole, c’est Rocky», lancent les parents d’Adam, Bryan Dubé et Marie-Christine Lavoie.
Le plus beau sourire
À 10 ans, Adam est celui qui a ouvert le chemin. En mars dernier, sa mère a «osé» demander au propriétaire de l’Académie, Bruno Essiambre, si son enfant autiste pouvait se joindre au groupe pour la semaine de relâche.
L’entraîneur a consulté des proches qui sont des professionnels de la santé avant d’accepter, et ce fut le début d’une belle expérience.
«Je l’ai pris sous mon aile [...]. Et depuis les parents ont vu une grande différence. Beaucoup moins de jeux vidéo et il va jouer dehors. Il est beaucoup plus actif», raconte celui qu’on surnomme «Coach B».
Le jeune boxeur a rapidement monté les échelons. Il a même disputé son premier combat en octobre, dans la catégorie «Fun boxe», qui permet aux jeunes d’apprendre dans un contexte sécuritaire, sans coups à la tête.
«Quand l’arbitre lui a levé le bras, je n’ai jamais vu mon enfant avec un aussi beau sourire», explique la mère d’Adam avec des étoiles dans les yeux.
Passer l’Halloween
Les parents rencontrés ne tarissent pas d’éloges envers l’Académie et les entraîneurs. Ils sont unanimes: leurs enfants ont maintenant une meilleure estime de soi, ce qui a un effet décisif sur leur quotidien.
Ryan, 10 ans, aussi atteint d’une maladie dégénérative qui affaiblit ses muscles, a pu passer l’Halloween pour une première fois sans fauteuil roulant.
«C’est une grande victoire [...]. Il est passé par les maisons pendant une heure, quinze minutes et il n’était pas fatigué», affirme sa maman, Véronique Arsenault.
De plus, Ryan va maintenant à l’école à pied sans s'arrêter en chemin et il participe à 80% des activités en éducation physique. Avant, il devait se priver de la moitié des activités proposées par son professeur.
Pour sa part, Laurence Diotte cherchait désespérément à faire bouger son fils Antoine. Il voulait jouer au dek-hockey comme sa sœur, mais c’était impossible en raison d’un manque de coordination des mouvements.
«Ce qui lui fait le plus de bien, c’est d’avoir sa place et de ne pas être toujours confronté à sa différence», mentionne-t-elle.
Même discours pour Geneviève Bédard: Alexis, 9 ans, pratique dorénavant son sport comme ses frères.
«Pas toujours facile d’avoir des amis et ici [à l’Académie] ils peuvent se faire des amis.»