«Convoi de la liberté»: Justin Trudeau craignait une flambée de violence
Il ne croyait plus que la police pouvait en finir sans outils extraordinaires
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Le premier ministre Justin Trudeau craignait une flambée de violence durant le convoi de la liberté, en particulier envers les policiers, ce qui a pesé lourd dans sa décision d’invoquer la loi des mesures d’urgence pour ramener la paix.
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« Comment j’aurais expliqué à la famille d’un policier tué que je n’avais pas utilisé les outils dont je disposais [pour le protéger] », a déclaré M.Trudeau.
Le premier ministre a été le tout dernier témoin entendu devant la Commission sur l’État d’urgence, au terme de six semaines d’audience pour déterminer si évoquer la loi des mesures d’urgence pour en finir avec le « convoi de la liberté » était justifié.
Il a expliqué que le Service canadien du renseignement de sécurité et sa conseillère à la sécurité nationale, Jody Thomas, s’inquiétaient de la sécurité les forces de l’ordre face à des manifestants conseillés et dirigés par d’ex-militaires et d’ex-agents de la GRC. Pour eux, ceux-ci travaillaient à épuiser les ressources policières et à les disperser.
Sous serment, M.Trudeau a mainte fois souligné que sa première motivation était d’assurer la sécurité des Canadiens. Et, à son avis, il n’avait d’autre choix que d’invoquer la Loi sur les mesures d’urgence pour y parvenir..
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Confiance ébranlée
« Si j’avais été convaincu que d’autres paliers de gouvernement ou quelconque autre loi au Canada étaient suffisants pour gérer cette urgence, nous n’aurions pas rempli les critères [pour invoquer la loi] », a-t-il expliqué.
Après trois semaines de chaos, les outils extraordinaires de cette loi jamais évoquée auparavant étaient la seule option, selon M.Trudeau, car la police avait échoué à ramener l’ordre avec les outils existants.
La police d’Ottawa affirme qu’un plan était prêt le 13 février, la veille de l’invocation de la loi, et que c’est lui qui a servi à libérer la capitale. Mais le 13, Justin Trudeau n’y croyait plus. Il avait perdu confiance.
« Nous n’arrêtions pas d’entendre qu’il y avait un plan », a-t-il dit. Je recommanderais aux gens de jeter un coup d’œil à ce plan qui n’en était pas un [...] C’était une discussion sur l’utilisation d’un officier de liaison pour essayer de réduire un peu le périmètre [du convoi]. »
Or, pour le premier ministre, l’heure n’était plus aux négociations.
Il a souligné qu’à ce stade, des manifestants utilisaient des enfants comme bouclier humain sur le pont Ambassador et que les résidents d’Ottawa, à bout de nerfs, s’organisaient pour ramener eux-mêmes la paix chez eux, au risque de déclencher de violents affrontements.
Devant M.Trudeau, la salle d’audience sous haute surveillance était comble. Les partisans du convoi cordés épaule contre épaule se retenaient de ne pas réagir de crainte d’être expulsés. On serrait les dents en mâchant frénétiquement de la gomme et en égrainant des chapelets.
Mais le premier ministre est resté ferme jusqu’au bout.
« Je suis absolument serein et convaincu d’avoir fait le bon choix », a-t-il conclu.