Vendre sa société tout en restant actionnaire

Le financement est un enjeu majeur dans chaque cas de transfert d’entreprise

La plupart du temps, lors d’une relève familiale ou d’une vente à des cadres, les repreneurs n’ont pas toujours les sommes requises ni des actifs suffisants pour constituer une base d’emprunt appréciable pour conclure la transaction. Il faut donc mettre en place un solide montage financier.

« La dette doit être bien équilibrée pour ne pas mettre à risque l’entreprise et répondre aux besoins financiers des repreneurs », affirme Martin Roy, qui est associé chez EC2 Finance, une firme d’experts en financement, vente et achat d’entreprise.

Un solde de prix de vente, soit un financement du cédant payable sur une durée déterminée, devient alors une solution pour compléter la structure de financement. 

« C’est une stratégie qui facilite le montage financier puisqu’elle diminue le montant de financement à aller chercher. D’une certaine manière, le vendeur finance sa relève », explique Martin Roy. 

Une prise de risque

Ces deux dernières années, EC2 est intervenu dans de nombreux cas de transfert d’entreprise, une indication de la forte activité dans ce secteur. 

« On a eu plusieurs rachats par la direction, un modèle de relève qui se multiplie », souligne-t-il. 

Pour accepter de ne pas toucher la totalité de l’argent qui lui est dû, le cédant doit évidemment être motivé et avoir confiance en ses repreneurs. 

« C’est une forme de gestion de risque où il accepte de participer au montage financier, explique Martin Roy. Souvent, le cédant reste dans l’entreprise pendant quelques années pour faciliter la transition avec les nouveaux propriétaires. »

Cela lui permet également d’avoir un œil sur la performance de l’entreprise.

« Il y a plusieurs cas de figure, mais dans le cas d’une relève par les cadres, le solde peut représenter entre 20 % et 30 % du total de la transaction. Cela rassure aussi les partenaires financiers, qui considèrent ce montant comme de l’équité », ajoute-t-il.

Il est assez fréquent que le solde de prix de vente (aussi appelé balance de vente) soit subrogé selon une exigence de la banque. 

« À ce moment-là, le vendeur ne pourra pas être remboursé tant et aussi longtemps que les releveurs n’auront pas remboursé toutes les sommes dues à la banque. Il y a alors un risque qu’il soit payé après tout le monde », explique Martin Roy.

Vendre ordonnée

Un des récents mandats menés par EC2 a été d’accompagner Ad hoc recherche, qui est passée aux mains de neuf cadres de l’entreprise fondée par Michel Berne et Stéphan Harris.

Dans ce cas, il n’y a pas eu de solde de prix de vente puisque les cofondateurs sont restés propriétaires d’un bloc d’actions qui continue de prendre de la valeur. 

« Il s’agit d’une autre stratégie qui peut être utilisée quand le montant de la transaction est trop important pour que la relève l’assume en totalité, précise Martin Roy. À ce moment-là, une fois la dette remboursée par les releveurs, on procède à un deuxième montage financier pour payer le cédant. »

Peu importe le modèle de relève, familial, à des cadres ou à un tiers, il est important que les choses soient faites de façon ordonnée et, surtout, planifiée. Dans le cas de la relève chez Ad hoc recherche, EC2 a organisé plusieurs sessions de travail avec cédants et repreneurs sur une période de plus d’un an. 

La clé d’une relève réussie restera encore et toujours la préparation !