Sorry, I don’t speak french...
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« Le français se porte plutôt bien, au Québec. »
C’est Yves Boisvert qui écrivait cela dans La Presse, le 15 mai dernier.
Ah oui ?
Comment se fait-il alors que des Québécois francophones éprouvent de la difficulté à être soignés dans la langue officielle du Québec... au Québec ?
- Écoutez l'édito de Richard Martineau diffusé chaque jour en direct 8 h 30 via QUB radio :
« FUCK ALL »
« Un patient francophone de l’Outaouais n’en revient pas d’avoir dû patienter pour qu’un médecin trouve un traducteur, afin d’être servi dans sa langue après une chirurgie. »
« Une jeune maman qui venait tout juste d’accoucher à l’Hôpital du Lakeshore de Montréal a dû se fier à la traduction de son conjoint pour comprendre l’état de santé de son garçon, né avec un seul rein. »
« Une femme dont la mère a été hospitalisée à l’Institut-hôpital neurologique de Montréal déplore le fait qu’elle a vécu ses derniers jours dans un environnement anglophone. »
« On a beaucoup de difficulté à avoir des soins en français. »
« J’ai été surprise [de constater] à quel point l’anglais était prioritaire. »
« Je suis venue à l’hôpital avec un enfant et je n’étais pas capable d’être servie en français dans ma propre province. »
« Quand je voulais aller aux toilettes et que j’appelais un préposé, j’étais obligée de le mimer, car ils ne comprenaient fuck all. »
Voici quelques-unes des histoires qu’on a pu lire dans l’excellent dossier de mes collègues Héloïse Archambault et Hugo Duchaine.
Des histoires comme ça, il y en a plein.
C’est même arrivé à ma femme lorsqu’elle s’est fait enlever la vésicule biliaire à l’Hôpital général juif de Montréal.
Mais j’imagine que pour le chroniqueur de La Presse, tout ça, ce ne sont que des « anecdotes ».
Des historiettes sans importance.
Encore une invention du Journal, pour flatter dans le sens du poil les « préjugés anti-anglophones et anti-immigrants » de ses lecteurs.
DES « ANECDOTES » ?
Question quiz que je pose à monsieur Boisvert et à tous ses amis qui trouvent que « le français se porte plutôt bien au Québec » : à partir de combien d’anecdotes peut-on commencer à parler de tendance ?
À partir de combien de « Sorry, I don’t speak french » a-t-on le droit de commencer à s’inquiéter ?
On ne parle pas ici de boutiques confidentielles spécialisées dans les survêtements de jogging et les podomètres. Mais d’hôpitaux !
Un moment donné, il faut se sortir la tête du sable et voir la réalité telle qu’elle est !
Comment peut-on dire que le français se porte bien lorsque des membres de la majorité linguistique du Québec ont de la difficulté à recevoir des soins de santé dans leur propre langue, chez eux ?
« C’est inacceptable que vous ne parliez pas français dans un hôpital au Québec », a lancé ma femme (qui se tordait de douleur) à la chirurgienne unilingue anglophone qui devait l’opérer.
« Tell this to your government, they hired me », a répondu la dame, qui ne pouvait même pas dire « Bonjour » en français.
Dites ça à votre gouvernement, il m’a embauchée. Que pensez-vous de cette réponse, monsieur Dubé ?