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«Puissance de plus en plus perturbatrice»: plus de militaires canadiens pour contrer la Chine

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Photo fournie par S1 Melissa Gonzalez, Forces Armées Canadiennes Les militaires canadiennes Annick Fortin et Lyann Murdock-Finegold saluent le passage du bateau indonésien à son départ de Jakarta le 3 septembre.

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OTTAWA | Le gouvernement fédéral ordonne à l’armée d’envoyer une frégate de plus dans le Pacifique et d’y déployer des soldats pour faire face à la menace chinoise, posant un défi logistique de taille aux Forces armées canadiennes, à qui il manque plus de 10 000 militaires.

Le gouvernement Trudeau considère désormais la Chine comme «une puissance de plus en plus perturbatrice». C’est ce qu’il affirme dans sa nouvelle stratégie Indo-Pacifique qui place la défense au cœur des priorités.

La défense canadienne juge même que l’empire du Milieu menace notre propre intégrité territoriale, en Arctique, auquel elle a accès à partir du Pacifique Nord.

Dans son éditorial de lundi, le quotidien chinois Global Times dénonce la nouvelle stratégie canadienne, clamant que «la Chine est une immense opportunité pour le Canada et non pas une menace».

Mais l’ex-ambassadeur du Canada à Pékin, Guy Saint-Jacques, applaudit la nouvelle stratégie d’Ottawa qui, dit-il, marque un «changement de cap important» et «nécessaire», compte tenu de l’attitude belliqueuse de Pékin.

«La confiance a été brisée», indique le diplomate, qui estime qu’Ottawa pourrait même aller plus loin et qualifier la Chine de «rivale stratégique».

  • Écoutez l'entrevue avec Justine Jankowski, correspondante pour TF1 en Chine à l’émission de Philippe-Vincent Foisy via QUB radio :

Équipage réduit dans la marine

Face à cette menace croissante, le chef d’état-major Wayne Eyre a un problème de taille: il manque de bras. Un poste sur dix est actuellement vacant dans l’armée, ce qui force par exemple la marine à revoir ses modèles d’équipage.

En comité parlementaire, en octobre, le vice-amiral Angus Topshe a expliqué que chaque frégate nécessite 250 membres d’équipage, mais qu'en raison de la pénurie de personnel, il s’attend à devoir réduire l’équipage à 210 personnes.

Deux des six frégates canadiennes patrouillent déjà dans la région Indo-Pacifique. Elles y participent à des exercices conjoints avec nos alliés et surveillent la Corée du Nord, qui multiplie les essais de missiles nucléaires ces derniers mois.

En plus d’une frégate, la stratégie Indo-Pacifique exige que les forces armées canadiennes déploient du personnel supplémentaire dans la région pour faire de la formation militaire dans la zone d’influence chinoise: en Indonésie, en Malaisie, aux Philippines et au Vietnam. Ceci n’est pas sans rappeler les opérations de formation canadiennes auprès de l’armée ukrainienne en préparation pour l’invasion russe.

Détroit de Taïwan sous tension

Nos frégates circulent aussi dans le détroit de Taïwan, défiant directement la Chine. Celle-ci estime que ce corridor maritime, l'un des plus fréquentés du monde, est le sien, et que tout navire militaire étranger qui y pénètre menace son intégrité territoriale.

M. Saint-Jacques prévient qu’envoyer une frégate de plus dans la région ne manquera pas d’être «mal reçu à Pékin».

Un éditorial du Global Times a d’ailleurs tiré à boulets rouges sur Ottawa, en avançant que le pays n’a pas les moyens de ses ambitions et veut «rouler à bicyclette sur l’autoroute».

Les Chinois ne sont pas sans savoir que l’armée canadienne manque de ressources.

Envoyer trois de nos six frégates dans la région Indo-Pacifique obligera par exemple notre marine à délaisser d’autres zones de la planète, puisqu’elle dispose d’un nombre limité de navires de combat. Elle en attend 15 supplémentaires, mais ce vaste chantier maritime, le plus important depuis la Deuxième Guerre mondiale, ne sera complété qu’en 2040. Si tout va bien.

Pendant ce temps, début novembre, le président chinois Xi Jinping a appelé ses militaires à se préparer à la guerre, les exhortant à «accélérer l’amélioration de leur capacité à vaincre».

«Le monde est plus dangereux maintenant qu’à aucun moment depuis la Guerre froide et peut-être même depuis la veille de la Seconde Guerre mondiale», a déclaré le général Wayne Eyre en octobre, devant le Comité permanent de la défense.

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