Budget 2023: hausse de 4,1% du compte de taxes des Montréalais

L’administration Plante a gardé le suspense jusqu’à la fin et annonce finalement une hausse de taxe foncière moyenne de 4,1% pour les propriétaires résidentiels montréalais dans son budget 2023. Certains arrondissements y goûteront toutefois plus que d’autres.  

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«L’inflation crée beaucoup d’insécurité, mais on a décidé d’absorber le choc, car la population est sous pression», a dit la mairesse Valérie Plante, lors de la présentation du document, mardi matin. 

Cette hausse de 4,1% est la plus importante depuis 2011, alors qu'elle avait atteint 4,3%. Elle avait été de 2% en 2022 et de 0% en 2021, au plus fort de la pandémie. 

La hausse pour les immeubles non résidentiels en 2023 sera elle aussi importante, à 2,9%. Elle avait été de 1,5% en 2022.  

• Écoutez l'entrevue de Mario Dumont avec Dominique Ollivier, présidente du comité exécutif de la ville de montréal sur QUB radio:  

La mairesse mentionne la hausse du coût de l’essence qu’on doit mettre dans les déneigeuses et dans les camions de poubelles ou celle du coût des matériaux de construction pour les bibliothèques et les centres sportifs.  

«La Ville aussi doit faire face à cette inflation», rappelle M^me Plante.  

Pour ce qui est de l’impôt foncier résidentiel, tous ne sont pas égaux devant la hausse. À Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, par exemple, les propriétaires verront leur compte de taxe bondir en moyenne de 5,7%, contre 1,7% pour ceux du centre-ville, dans Ville-Marie.  

La différence s’explique par le rôle foncier, alors que certaines propriétés et certains quartiers ont pris plus de valeur que d’autres au cours des dernières années.  

La hausse moyenne sera de 5,4% dans Côte-Des-Neiges–Notre-Dame-De-Grâce et Pierrefonds-Roxboro, de 5% dans Anjou, de 4,6% dans Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles et de 4,5% dans Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension.  

Pour une résidence évaluée à 567 000$, la hausse de 4,1% représente une hausse de 164$ par année du compte de taxe, qui passe de 3989$ à 4153$. 

À Montréal, la valeur moyenne d’une résidence unifamiliale est de 592 167$, celle d’une copropriété est de 382 534$ et celle d’un multiplex est de 670 292$.  

Le budget augmente de 300 M$

Comme Le Journal le révélait ce matin, le budget de la Ville passe à 6,76 G$ en 2023, soit 300 M$ de plus qu’en 2022. 

Il s’agit d’une hausse des dépenses de 4,7%, comme en 2022.  

À l’opposition, on trouve «qu’il n’y a pas de contrôle des dépenses» et qu’il ne s’agit pas d’un «budget responsable».  

«On demande aux Montréalais depuis le début de l’année de se serrer la ceinture et la mairesse nous arrive encore avec un budget dépensier de 300 M$ de plus [que l’an dernier]», a pesté le chef d’Ensemble Montréal, Aref Salem. 

•  Écoutez la chronique économique avec l’économiste Francis Gosselin au micro de Mario Dumont sur QUB radio : 

Depuis l’arrivée de Valérie Plante à l’hôtel de ville, les dépenses ont augmenté de 30% à Montréal.  

Le gros des 300 millions supplémentaires sera réparti entre un paiement comptant dans les immobilisations de 107 M$, une somme de 100 M$ pour la sécurité publique et 87,5 M$ pour le service de la dette.  

On ne sait dans quels projets à long terme qui nécessitent d’emprunter de l’argent seront investis les 107 M$ supplémentaires. 

On sait toutefois que la Ville prévoit que les taux d’intérêt vont augmenter et que de payer comptant au lieu d’emprunter est une façon de se prémunir contre l’inflation.  

Au total, en 2023, la Ville déboursera 460 M$ en argent comptant et empruntera 1,2 G$.  

«On limite nos emprunts, et c’est très, très avantageux dans un contexte où les taux d’intérêt montent et qu’on ne sait pas à quoi s’attendre», a indiqué la présidente du comité exécutif, Dominique Ollivier, présente mardi aux côtés de la mairesse.  

 

Deux nouvelles taxes

Afin de couvrir ses dépenses, l’administration Plante introduira deux nouvelles taxes en 2023, qui visent essentiellement les commerces et les industries. 

Tout d’abord, les industries, les commerces et les institutions commenceront à payer leur eau à la consommation en 2023. Ceux-ci recevront en janvier 2024 une facture pour toute l’eau consommée en 2023 au-delà des 1000 premiers mètres cubes. 

Cette taxe représente le «virage vers l’écofiscalité» que prend l’administration Plante avec ce budget, indique M^me Ollivier.  

Elle note que cela permet à la Ville de diversifier ses revenus tout en aidant la population à «modifier ses comportements», mais qu’il ne s’agit pas d’une «solution magique». 

Les commerçants recevront ainsi au début de l’année prochaine un rapport de leur consommation d’eau de 2022, afin de leur permettre de tenter de diminuer leur facture de 2023. 

La Ville prévoit obtenir 15,3 M$ de revenus grâce à cette mesure. 

Montréal a également introduit une nouvelle taxe sur les stationnements extérieurs de plus de 20 000 m² partout sur son territoire, au coût de 2$ du mètre carré. Cela devrait rapporter environ 5 M$. 

Il existe déjà une taxe sur les stationnements à Montréal, qui est beaucoup plus élevée au mètre carré, mais qui ne s’applique qu’au centre-ville. 

 

Cinq points à retenir du budget 2023 de la Ville de Montréal 

1) De l’argent pour les logements, mais pas tout de suite 

L’administration de la mairesse Valérie Plante a prévu investir plus de 625 M$ dans les logements sociaux et abordables d’ici 10 ans. Toutefois, plus de 60% de cette somme ne sera dépensée qu’après 2027. 

En 2023, la Ville de Montréal prévoit investir 30,5 M$ pour le développement de logements sociaux et communautaires, ainsi que pour l’acquisition de terrains qui pourront servir pour des logements sociaux et abordables. 

«Si on doit devancer des sommes, ça sera fait», a assuré Valérie Plante. 

La mairesse a toutefois insisté sur le fait qu’elle ne peut pas régler la crise du logement seule. 

«Le secteur privé et les autres paliers de gouvernements ont un rôle à jouer. Ça ne peut être seulement sur les épaules de la Ville d’acquérir des terrains. C’est impossible», a-t-elle dit. 

2) Encore plus d’employés en 2023 

Le nombre de fonctionnaires à la Ville de Montréal continuera d’augmenter en 2023. L’équivalent de 646 employés supplémentaires à temps plein seront embauchés, est-il indiqué dans le budget dévoilé mardi. 

Ceci porte le nombre total d’employés équivalent temps plein à 24 760. Comme le révélait Le Journal lundi, la Ville prévoit notamment embaucher 123 nouveaux policiers l’an prochain. 

«Il y a une vanne qui est ouverte au niveau des embauches à la Ville, juge le chef de l’opposition Aref Salem. On est rendus à plus de 2600 personnes de plus depuis l’arrivée au pouvoir de Projet Montréal [en 2017].» 

Cette augmentation de l’effectif ne se traduira pas par des dépenses si importantes, assure pour sa part l’administration. La Ville prévoit que sa masse salariale augmentera seulement de 17,8 M$ pour atteindre 2,61 G$, soit 38,7% de l’ensemble du budget de la Ville. 

Selon la Ville, c’est notamment grâce à la bonne performance de ses régimes de retraite qu’elle peut ainsi limiter la hausse des dépenses en rémunération. 

3) 15% des investissements de 2023 dans un seul projet 

Un seul projet de la Ville compte pour près de 15% des 2 G$ d’investissements qui seront faits en 2023. 

Près de 315 M$ seront investis, l’an prochain, dans la désinfection des eaux usées à l’ozone, un projet attendu depuis près de 20 ans pour réduire la pollution du fleuve Saint-Laurent. 

Près de 100 M$ seront payés comptant, à même le budget de fonctionnement de la Ville. 

En plus des 700 M$ que coûtera ce projet, 682 M$ supplémentaires seront investis à l’usine de traitement des eaux usées pour le remplacement des incinérateurs. 

Ceux-ci sont actuellement responsables de 30% des émissions de gaz à effet de serre de la Ville de Montréal. 

4) La dette continue de grandir 

La dette brute de Montréal continue de grandir et est à près de 16,4 G$ en 2023, selon les estimations de la Ville. 

Le ratio de la dette par rapport aux revenus se situe à 115%, un sommet historique. 

L’administration montréalaise affirme toutefois que celle-ci est «sous contrôle» et qu’elle maintient son cap de rétablir ce ratio à 100% en 2027, malgré la hausse des taux d’intérêt. 

5) Le projet des caméras corporelles des policiers encore reporté

Si Montréal est prête à aller de l’avant dans le dossier des caméras corporelles portées par ses policiers, c’est Québec qui traîne de la patte. «L’argent existe, mais il faut attendre le go de Québec, les sommes pourraient être devancées», a dit M^me Ollivier. Impossible de savoir si on verra les membres du SPVM équipés de caméras en 2023, car la présidente du comité exécutif n’a pas voulu se mouiller. Montréal a prévu investir 16,5 M$ sur 10 ans pour l’achat et l’installation de ces caméras, mais 775 000$ seront dépensés cette année, indique le budget. Le plus gros des dépenses est prévu à partir de 2025.   

QUELLE HAUSSE SUBIREZ-VOUS ?

Chaque facture de taxes varie en fonction de la hausse de la valeur de la propriété, mais en moyenne, certains arrondissements y goûteront plus que d’autres.