Environnement: de plus en plus d'espèces en péril au Canada
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OTTAWA | Une espèce sauvage sur cinq au Canada est menacée d’extinction qu’il s’agisse de mammifères, de fougères, d’insectes, d’oiseaux ou encore de champignons, et 135 ont même déjà totalement disparu.
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C’est ce qu’on apprend dans un portrait inédit de notre biodiversité, le rapport «Espèces Sauvages 2020», que dévoilait hier Environnement et Changements climatiques Canada.
«C’est un rapport alarmant», estime la biologiste Véronique Bussière, directrice de la conservation bioculturelle de la Société pour la nature et les Parcs du Québec (SNAP).
Le rapport liste 50 534 espèces sauvages au total sur les 80 000 qu’abrite le pays. Jamais autant de nos espèces sauvages n’avaient été réunies dans une même analyse.
Des quelque 30 000 espèces assez bien documentées pour qu’on puisse juger de leur santé, pas moins de 20% sont en danger. Pour les quelque 20 000 autres espèces listées dans l’analyse, il n’existe simplement pas assez de données pour statuer.
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Chaîne alimentaire
«Les résultats de nos évaluations à l’échelle nationale indiquent que 873 espèces sont gravement en péril, 1 245 sont en péril, 2 765 sont vulnérables, 9 562 sont apparemment en sécurité, et 10 038 sont en sécurité», indique le rapport.
Les espères les plus en péril sont des végétaux et des insectes à la base de la chaîne alimentaire : les plantes vasculaires comme les fougères, les lichens, les macrochampignons, les mousses, les coléoptères et les papillons.
Les scientifiques ont en plus identifié 135 espèces présumées disparues ou possiblement disparues au Canada, dont sept qui ne se trouvaient nul par ailleurs dans le monde et qui sont donc probablement éteintes de la surface de la Terre.
Urgence
Cet inventaire montre à quel point le Canada n’échappe pas à l’extinction massive des espèces qui frappe l’ensemble de la planète. C’est le signe qu’«il y a urgence d’agir», presse Mme Bussière.
La SNAP et Nature Canada appelle Ottawa à appuyer sur l’accélérateur pour protéger 30% de son territoire, comme le gouvernement Trudeau s’y est engagé, avant qu’il soit trop tard.
Loin de nier l’urgence, Terry Duguid, le secrétaire parlementaire du ministre de l’Environnement Steven Guilbeault, a admis que «l’horloge tourne».
«La première étape avant toute étape de conservation c’est vraiment d’identifier les espèces et où elles sont» ce que permet le rapport «Espèces Sauvage 2020», a souligné la députée de Pontiac, au Québec, Sophie Chatel.
Caribou
Des centaines de scientifiques canadiens ont travaillé pendant cinq ans pour produire cette analyse.
Une des espèces disparues qu’ils listent est un petit escargot connu sous le nom de Caribou Rams Horn, ou Caribou à corne de bélier. Comme quoi être un caribou, mollusque ou à quatre pattes, ne porte pas bonheur.
Le caribou des bois, qui est au seuil de l’extinction au Canada, ne manquera pas de mobiliser scientifiques et militants la semaine prochaine à la Conférence de l’ONU sur la biodiversité (COP15) qui se tiendra à Montréal.
Pour protéger les derniers caribous, le gouvernement fédéral dispose maintenant d’un outil de plus, a souligné Mme Chatel, indiquant que le rapport «Espèces Sauvages 2020» va éclairer le gouvernement dans l’application de cette Loi.