Une infirmière suspendue pour avoir mangé une toast au beurre d’arachide
La direction la sanctionne pour avoir volé le CHSLD
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Une infirmière d’un CHSLD de Longueuil est suspendue trois jours sans salaire en pleine pénurie de main-d’œuvre pour vol parce qu’elle a mangé... une toast au beurre d’arachide.
L’infirmière en question, qui a souhaité garder l’anonymat par peur de représailles, s’est fait une toast le matin du 2 octobre dernier, au Centre d’hébergement de soins de longue durée (CHSLD) du Chevalier-De Lévis, à Longueuil.
Dans la lettre de suspension datée de jeudi, obtenue par Le Journal, on peut lire que ce vol de nourriture destinée aux résidents constitue « un manquement grave à vos obligations de loyauté et d’honnêteté », écrit la direction des soins infirmiers du centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS).
« Vos manquements ont des conséquences négatives importantes tant sur la réputation de l’établissement que sur votre crédibilité professionnelle ainsi que sur la qualité des services offerts à notre clientèle », lit-on plus loin.
Pas eu le temps de manger
La direction du CISSS a rencontré l’employée à ce sujet le 3 novembre dernier, pour obtenir sa version des faits.
Selon la lettre, l’infirmière a admis avoir mangé la toast puisqu’elle avait « mal à l’estomac » et n’avait pas eu le temps de déjeuner avant de venir travailler. Elle aurait aussi mentionné « ne pas savoir » que c’était interdit.
- Écoutez la rencontre Maréchal-Dumont avec Isabelle Maréchal sur QUB radio :
« Je trouve ça épouvantable, pour une toast, réagit Brigitte Petrie, la présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), qui représente les infirmières de la Montérégie-Est. Elle était sûrement plus efficace après avoir mangé sa toast... »
« Je ne dédouane pas le fait de prendre du matériel. Mais un avis verbal aurait peut-être été suffisant, dit-elle. Que tu voles une miette de pain ou des médicaments, c’est le même bateau » déplore Mme Petrie.
Selon la FIQ, il y a souvent des tranches de pain à la portée des employés dans les CHSLD, au cas où des résidents auraient faim. Les infirmières doivent même parfois en jeter, parce que le pain devient périmé.
C’était la première fois que cette infirmière se faisait avertir pour un tel comportement, assure son syndicat. La jeune employée, qui n’a que deux ans d’ancienneté, pense même démissionner, nous dit-on.
« Elle a été très brassée, avoue Mme Petrie. C’est une gestion très coercitive. [...] On est vraiment offusqués de ce genre de gestion là, en pleine crise. »
Qui va la remplacer ?
Ainsi, l’infirmière sera suspendue sans salaire les 5, 9 et 11 décembre prochains.
« Ils vont la remplacer avec des infirmières imaginaires », ironise Mme Petrie, qui hésite entre rire ou pleurer devant cette situation.
En cas de récidive, le CISSS écrit même qu’un congédiement pourrait être envisagé.
- Écoutez l'entrevue de Guillaume Lavoie avec Brigitte Petrie, présidente du Syndicat des professionnelles en soins de Montérégie-Est. sur QUB radio :
Pas de commentaire
Appelée à réagir, la direction du CISSS a refusé de commenter le dossier publiquement, mais dit « tendre la main » au syndicat pour poursuivre les discussions dans ce dossier.
« Nous comprenons la perception que cela peut laisser dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre. Nous ne pouvons malheureusement pas commenter ce dossier précis afin de préserver la confidentialité de la salariée », écrit la porte-parole Caroline Doucet par courriel.
Le syndicat contestera cette mesure disciplinaire, mais le processus prendra probablement des années, indique Mme Petrie.
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