«La mélodie du bonheur»: plus charmante que grandiose
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Gregory Charles a vu grand avec sa Mélodie du bonheur, qui résonnera durant plus d’un mois au Théâtre St-Denis de Montréal. Et si le résultat n’est pas entièrement à la hauteur de ses ambitions, cette relecture de la comédie musicale classique s’avère fort charmante, à défaut d’être grandiose.
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On l’avoue, on a sourcillé lors de l’annonce de cette nouvelle mouture de La mélodie du bonheur. Pas que l’œuvre ne mérite pas sa place sur nos scènes ni que son intrigue – bourrée de bienveillance et de bons sentiments – ne mérite pas d’être racontée. Mais comme Denise Filiatrault a présenté sa version du spectacle de manière sporadique de 2010 à 2015, on croyait être mûr pour autre chose, disons.
Bref, on était sceptique en prenant place dans le Théâtre St-Denis lundi soir. Et Gregory Charles n’a pas entièrement réussi à nous convaincre, nous servant une comédie musicale charmante, certes, mais en rien grandiose ni spectaculaire.
Évidemment, le propos de La mélodie du bonheur – où une jeune femme vouée à une vie pieuse se retrouve responsable d’une marmaille de sept enfants d’un capitaine austère – se prête moins aux excès visuels et à la folie que celui de Mary Poppins, par exemple. N’empêche, il y aurait certainement eu moyen de dynamiser ou d’insuffler un peu de magie à ce grand classique. Ou, du moins, d’éviter d’exacerber son caractère sobre et solennel, comme c’est parfois le cas.
Brillante Maria
Mais, heureusement, les interprètes – invariablement excellents – viennent rehausser cette Mélodie du bonheur au-delà de sa prémisse initiale et de ses limitations.
L’étoile incontestée de ce spectacle? Klara Martel-Laroche, absolument divine dans la peau de Maria Rainer, personnage jusqu’ici indissociable de son interprète d’antan, Julie Andrews. À aucun moment ne pâlit-elle en comparaison de la grande dame du cinéma britannique.
Au contraire, même. La Québécoise – et ses aptitudes vocales phénoménales – apporte une candeur irrésistible au personnage. Voilà une grande interprète qu’on connaissait encore très peu, mais qu’on suivra dorénavant de très près.
Éric Paulhus est lui aussi irréprochable sous les habits du capitaine von Trapp, tout comme Éveline Gélinas et Audrey-Louise Beauséjour, solides dans leurs rôles respectifs de la baronne Elsa Schraeder et de Liesl, aînée du clan von Trapp. Impossible, également, de passer sous silence la présence de Monique Pagé et ses envolées lyriques aussi époustouflantes que parfaitement maîtrisées.
On se souviendra donc très longtemps de ces voix. Mais peut-être pas des autres éléments de cette relecture de La mélodie du bonheur.
La mélodie du bonheur est présentée au Théâtre St-Denis de Montréal jusqu’au 14 janvier. Elle prendra l’affiche à la Salle Albert-Rousseau de Québec en août 2023.