COP15: Jusqu'à Montréal pour dénoncer une mine canadienne qui menace l'Amazonie
Belo Sun espère développer la plus grande mine d’or à ciel ouvert du Brésil
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Autochtones et militants du Brésil sont venus jusqu’à la COP15 de Montréal pour exiger l’abandon d’un mégaprojet minier canadien qui menace la forêt amazonienne en son coeur.
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«Les Autochtones le crient depuis des années : ils ne veulent rien savoir de cette mine d’or à ciel ouvert sur leurs terres», soutient Gabriela Sarmet, représentante brésilienne d’Amazon Watch.
Le projet minier qui soulève leur colère est celui de Volta Grande do Xingu, au nord du Brésil, dans l’État de Pará.
La minière canadienne Belo Sun tente depuis 2012 de développer la plus grande mine d’or à ciel ouvert du pays sur ce territoire habité par quelques centaines de familles des peuples Arara et Juruna.
Une riche mais fragile nature prospère dans cette zone de dense forêt tropicale, où serpente un affluent du fleuve Amazone.
Sauf que la mine pourrait tout bouleverser.
«Déjà, on remarque une perte de biodiversité due à des activités minières illégales. Ça serait bien pire avec les procédés industriels de Belo Sun», s’inquiète en entrevue Dinamam Tuxá, coordinateur d’une des plus grandes associations autochtones du Brésil (APIB).
Un dangereux bassin
D’abord, deux immenses fosses d’environ 220 m devraient être creusées pour pouvoir récupérer l’or convoité.
Mais surtout, les substances toxiques utilisées dans l’extraction des minéraux seraient entreposés dans un bassin de décantation, explique Mining Watch.
«On parle d’une marre de déchets hautement toxiques en plein milieu de l’Amazonie!», s’insurge Gabriela Sarmet, en évoquant la possibilité de fuites épouvantables pour l’environnement aux alentours.
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Les militants craignent aussi les conséquences du dynamitage nécessaire à l’excavation de la mine, alors que l’un des plus grands barrages du Brésil est situé à quelques kilomètres de là.
De plus, des plaintes ont été déposées contre des agents de sécurité privés et armés engagés par la minière qui auraient menacé des riverains et tenté d’interdire leurs activités traditionnelles de subsistance.
Volta Grande est sur la glace depuis 2017 en raison d’une poursuite qui reproche à Belo Sun et à une agence gouvernementale du Brésil de ne pas avoir mené d’études d’impacts des effets du projet sur les autochtones de la région.
Encore un danger
Ce n’est pas pour autant que le danger est écarté, selon les opposants au projet.
«Tout peut arriver d’ici à ce que Jair Bolsonaro quitte la présidence en janvier», croit Mme Sarmet, en soulignant son parti pris reconnu pour l’industrie minière.
C’est qu’un projet de loi est à l’étude pour permettre les activités industrielles en terres autochtones, qui sont interdites actuellement.
«Bolsonaro a démantelé les politiques sociales et environnementales qui protégeaient le territoire autochtone et l’Amazonie en général», fustige le leader autochtone Dinamam Tuxá.
Il demande du même souffle aux Québécois et aux Canadiens de cesser de financer Belo Sun, et par la bande, la pollution et la destruction de l’Amazonie.
L’organisation Amazon Watch publiait vendredi un rapport détaillant les risques légaux, environnementaux et politiques du projet auxquels s’exposent les investisseurs.
Un panel en marge de la Convention sur la diversité biologique était aussi organisé pour aborder les menaces que posent ce projet.
Les questions du Journal à Belo Sun sont restées sans réponse.