La nuit où j’ai cessé de croire
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Noël est célébré à travers le monde par des milliards de personnes. Pour ma part, un souvenir me revient à la veille de cette fête chaque année.
J’avais alors 7 ans. Et tradition oblige, j’étais dans mon lit avant minuit : l’heure indiquée du passage du père Noël. Mais je ne dormais pas...
Un père Noël noir
En fait, je ne dormais pas parce que je voulais voir le père Noël de mes propres yeux. J’étais certain qu’il viendrait, car j’avais été très sage et bon à l’école.
Ma foi au père Noël était alors inébranlable. Dans la tête de l’enfant que j’étais, Dieu et lui jouaient dans la même ligue...
Quelle ne fut alors ma surprise en plein milieu de cette nuit-là quand j’aperçus, par l’entrebâillement de la porte de ma chambre, la silhouette d’un homme de type africain en pyjama en train de déposer discrètement des cadeaux au pied du petit palmier orné qui nous servait d’arbre de Noël.
C’était mon père... pas le père Noël ! Je n’en revenais pas.
Mais, au fond de moi, j’essayais de me convaincre du fait que le père Noël avait déposé les cadeaux devant la porte et que mon père les avait ramassés pour les poser au pied de l’arbre.
Je me suis néanmoins endormi avec, en tête, la ferme intention d’interroger mon père le lendemain.
J’ai eu beau réitérer mes questions, à savoir notamment si c’était le père Noël lui-même qui avait déposé les cadeaux au pied de l’arbre, mon père ne me répondait pas... Il changeait systématiquement de sujet de conversation.
S’il refuse de me répondre, c’est qu’il me cache la vérité, me disais-je alors...
Conséquemment, je me suis tourné vers ma sœur aînée, qui, après insistance, dissipa mes doutes en me faisant promettre de ne pas en parler à notre père. Le père Noël est un mensonge, m’avoua-t-elle.
Depuis lors, je remettais systématiquement en question ce qu’on tentait de m’enfoncer dans la tête en termes de mythes ou de croyances...
L’esprit critique
Cet état d’esprit dit « critique » m’a habité tout au long de mon secondaire chez les curés. Mes questions, innombrables, portaient notamment sur la véritable date de naissance de Jésus, ses origines, ses représentations iconographiques, ainsi que celles de « Dieu ».
Les réponses étaient rationnellement insatisfaisantes... Alors j’ai décroché des « croyances » pour embrasser la vérité scientifique qui ne pèche ni par la permanence ni par le dogme.
Comme le dit Guy Perkins dans son essai Les chimpanzés rêvent-ils d’un paradis des bananes ? « Se familiariser à la pensée critique est certes la voie à privilégier pour éviter les pièges des vendeurs de bonheur en kit. Elle est une gymnastique à pratiquer au quotidien avec discipline. »
Cela dit, je ne suis pas natalophobe : je n’éprouve ni stress ni tristesse à l’approche de Noël, et je ne culpabilise pas de ne pas savoir apprécier cette fête, au grand dam de ma conjointe, qui, chaque année, prépare Noël à partir du 1er décembre.