Mont-Sainte-Anne: QS crie au scandale
Accorder 50 millions $ à RCR serait «injustifiable», plaide aussi Yvon Charest
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Québec solidaire trouve « scandaleux » que le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, envisage d’allonger 50 millions $ à l’exploitant du Mont-Sainte-Anne, Resorts of the Canadian Rockies (RCR), qui appartient à l’un des hommes les plus riches de l’Alberta.
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« C'est scandaleux, ça n'a pas de bon sens », a dénoncé le député solidaire de Taschereau, Etienne Grandmont, après avoir appris que le gouvernement caquiste songe à appuyer financièrement l’opérateur du Mont-Sainte-Anne, pourtant critiqué plus que jamais depuis qu’une gondole s’est écrasée au sol, samedi dernier.
Si l’incident n’a fait – presque par miracle – aucun blessé, il s’en est fallu de peu et pour plusieurs, c’est une fois de trop.
De nombreuses personnalités influentes de la région ont d’ailleurs effectué une sortie commune, lundi, exhortant le gouvernement, qui est propriétaire de la montagne, d’exproprier RCR.
Rappelons qu’en 1994, le gouvernement a privatisé le Mont-Sainte-Anne en accordant à RCR un bail d’une durée de 99 ans pour exploiter la station de ski.
- Écoutez l'entrevue avec Alex Harvey à l’émission de Philippe-Vincent Foisy diffusée chaque jour en direct via QUB radio :
Erreur historique
«C'était une erreur», regrette M. Grandmont, en rappelant que les investissements attendus pour assurer le rayonnement et la sécurité des infrastructures du Mont-Sainte-Anne n’ont jamais suivis, malgré les demandes répétées.
Le Mont-Sainte-Anne est un « joyau qui n’aurait jamais dû être privatisé au départ », considère le député solidaire.
Il trouve d’autant plus désolant de voir qu'au lieu de saisir l’occasion pour corriger une erreur historique en empruntant la voie de l'expropriation, Pierre Fitzgibbon préfère encourager « le quatrième homme le plus riche de l’Alberta », c’est-à-dire le propriétaire de RCR, N. Murray Edwards, qui possède également les Flames de Calgary.
« Selon les informations que j’ai, il est plus que deux fois milliardaire, a souligné M. Grandmont. Est-ce qu’il a vraiment besoin d’argent public pour assurer la sécurité des usagers du parc que lui exploite? Moi je ne pense pas. »
Une aide «injustifiable»
Le président des Amis du Mont-Sainte-Anne, Yvon Charest, considère également qu’il « serait injustifiable de donner 50 millions $ à un mauvais citoyen corporatif, de surcroît la 32e fortune au Canada, alors même que la station est rentable ».
M. Charest et le regroupement Avenir Mont-Sainte-Anne, dont Mario Bédard et Alex Harvey, sont les porte-paroles, réclament eux aussi que le gouvernement ferme rapidement la porte à l’octroi d’une aide financière à RCR.
« Surtout qu’aucun investissement pour remplacer les équipements désuets n’a été fait depuis que RCR a le contrat de gestion. Le gouvernement souhaite-t-il vraiment encourager la négligence », soulève M. Charest, dans un communiqué.
Le Parti québécois revient à la charge et réclame une loi spéciale pour exproprier l’opérateur du Mont-Sainte-Anne, après la chute d’une télécabine, samedi dernier.
-TVA Nouvelles
«On est rendu là», soutient le député Pascal Bérubé. Lundi, le ministre de l’économie, Pierre Fitzgibbon, a fermé la porte à une expropriation. Le gouvernement serait d’ailleurs en train d’étudier la possibilité d’accorder un montant de 50 millions $ à Resorts of the Canadian Rockies (RCR) pour l’entretien des infrastructures.
«Le gouvernement donne encore une chance à un mauvais opérateur, il est même prêt à mettre de l’argent, ce n’est pas la solution», affirme M. Bérubé. «Je ne sais pas où le ministre s’en va avec ses skis, c’est le cas de le dire...»
Il soutient que l’exploitant a montré hors de tout doute son incapacité à assurer le développement de la montagne.
«Je réitère aujourd’hui, qu’au nom du Parti québécois, je suis prêt à déposer une telle loi à la reprise des travaux parlementaires en 2023.»
L’ancien fondeur et co-porte-parole de la Coalition Avenir Mont-Sainte-Anne, Alex Harvey, est du même avis.
«C’est clair qu’octroyer un prêt, une subvention, peu importe, de dizaines de millions de dollars en faveur d’un opérateur comme RCR en ce moment, on trouve que ça ne fait pas de sens.»
Le regroupement, qui réclame aussi des actions de la part du gouvernement Legault, souhaite de la transparence de la part de la Régie du bâtiment du Québec (RBQ).
«On demande que l’information soit communiquée. On veut savoir quels rapports, quelles inspections ont été faits dans les dernières années de la part de la RBQ.»
Des inspections sont en cours au Mont-Sainte-Anne, qui est fermé pour une durée indéterminée.
-Avec les informations de Danny Côté