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Abus sexuels dans l’armée: la ministre de la Défense émue aux larmes

Abus sexuels dans l’armée: la ministre de la Défense émue aux larmes
CAPTURE D'ÉCRAN, CPAC

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OTTAWA – Le ménage a commencé pour venir à bout des abus sexuels dans l’armée et il se fera en toute transparence, a assuré la ministre de la Défense Anita Anand, émue aux larmes.  

«La lumière du soleil est le meilleur désinfectant», a déclaré la ministre en annonçant avoir accepté toutes les 47 recommandations du rapport de l’ex-juge Louise Arbour sur l’inconduite sexuelle dans les Forces.

Jamais un gouvernement n’avait réagi de la sorte à un rapport sur ce sujet qui mine l’armée depuis des années et a donné lieu à plus d’un rapport tabletté et à un recours collectif regroupant pas moins de 20 000 victimes.

«Cette fois c’est différent», a assuré la ministre expliquant que pour la première fois le gouvernement fédéral non seulement accepte l’ensemble des 47 recommandations, mais en plus s’engage à faire état publiquement de ses progrès tous les trimestres.

La ministre a aussi nommé une vérificatrice externe pour surveiller le tout, mais celle-ci n’aura pas à faire rapport au parlement ou au public, s’inquiète l’opposition.

Justice civile

Or des questions se posent déjà quant à la mise en oeuvre d’une recommandation phare du rapport Arbour qui réclamait que les accusations d’infraction au Code criminel à caractère sexuel visant les militaires ne soient plus traitées par la police militaire mais par la justice civile.

Depuis un an, la police militaire a transféré 57 dossiers d’enquête aux services policiers fédéraux, provinciaux, territoriaux et municipaux. Toutefois, 40 enquêtes restent toujours entre les mains de la police militaire, les services civils ayant refusé de les prendre en charge.

Pour Mme Arbour, ceci est inacceptable et le parlement devrait immédiatement ordonner à l’armée de ne plus toucher à ces dossiers et aux autorités civiles de les prendre en charge.

«Il est évident pour moi que ceux qui sont impliqués dans ce processus se traînent les pieds», a-t-elle cinglé en comité parlementaire mardi, se disant «très sceptique» devant la réponse de la ministre qui ne va pas assez vite à son goût.

Elle craint qu’une fois encore le gouvernement tente d’étouffer les recommandations en créant toutes sortes de comités de travail pour gagner du temps.

Doper le recrutement

Mais la ministre Anand martèle que respecter les recommandations de Mme Arbour n’est pas seulement «moralement juste», mais «une nécessité opérationnelle», car sans les changements en profondeur qu’elles impliquent il sera impossible pour les Forces de recruter et de conserver leurs meilleurs éléments.

Un poste sur dix dans l’armée est actuellement vacant, ce qui constitue le plus grand danger à la sécurité du pays, insiste le Chef d’état-major Wayne Eyre.

Combler ces postes est «absolument essentiel au moment où nous faisons face à un monde de plus en plus sombre et dangereux», a dit-il en comité parlementaire mardi.

D’après les chiffres fournis lundi par la Défense, la prise de conscience qui s’opère ces derniers mois et le changement de culture en marche semble porter fruit dans les bureaux de recrutement.

Les Forces armées canadiennes ont reçu 6 758 nouvelles candidatures en novembre seulement, alors qu’elles en reçoivent en moyenne 2005 à 2030 par mois habituellement. Il faudra cependant jusqu’à un an avant que ces candidats soient pleinement intégrés comme recrues, voire plus s’ils ne sont pas citoyens canadiens.

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