Affaire Ernesto Fera: la poursuite demande une culpabilité de meurtre au deuxième degré
L’an dernier, l’homme de 56 ans a été acquitté d’avoir tué son épouse en 2004 à Laval
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La poursuite demande à la Cour d’appel de déclarer Ernesto Fera coupable du meurtre au deuxième degré de son épouse il y a près de deux décennies, si elle conclut que le tribunal a commis des erreurs en l’acquittant l’an dernier.
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« La tenue d’un nouveau procès, bien que possible, n’est pas dans le meilleur intérêt de la Justice », avance Me Alexandre Dubois, procureur de la Couronne, dans son mémoire tout juste rendu public à la Cour d’appel du Québec.
« Le meurtre est survenu en 2004. La plupart des témoins impliqués tant au niveau civil que policier sont à un stade avancé de leur carrière, à la retraite ou tout simplement âgés », est-il possible de lire.
Cela fera un an demain qu’Ernesto Fera a été acquitté du meurtre prémédité de son épouse Nadia Panarello, survenu le 12 février 2004, dans leur résidence de Laval.
La femme de 38 ans y a été tuée de 30 coups de couteau durant sa routine matinale, à une époque où le couple avait des problèmes financiers.
Après le décès, Fera a récolté plus de 700 000 $ avec la vente de la maison et l’indemnisation des assurances. Il a ainsi pu rembourser toutes ses dettes.
Photos importantes
Malgré l’acquittement prononcé par le juge James Brunton, la poursuite maintient que l’homme de 56 ans est l’auteur du meurtre de la mère de ses deux filles.
« Comment concilier la rage avec la thèse du vol qui a mal tourné ? [...] Pourquoi s’en prendre à Nadia Panarello, femme discrète, sans ennemi et sans histoire ? », questionnent dans leur mémoire Me Dubois et Me Steve Baribeau.
La poursuite s’appuie principalement sur les photos d’une « importance capitale » de la neige entourant la maison, que le tribunal aurait mal analysées.
« La conclusion du juge qu’un tiers a pu passer par le sentier du chien ne trouve pas appui dans la preuve ou dans l’absence de preuve. Elle est au mieux conjectural, au pire tout simplement impossible », lit-on.
« N’eut été de l’erreur de droit commise, la résidence aurait été impossible d’accès de la part d’un tiers », insiste Me Dubois, qui a même qualifié l’une des autres hypothèses de « fantaisiste ».
Selon lui, le juge Brunton a aussi erré en analysant la preuve en silo, sans la considérer dans son ensemble, soit « l’opportunité exclusive, le mobile et les contradictions dans les déclarations de [Fera] ».
Ce genre de personne...
De plus, le magistrat se fait reprocher d’avoir imposé un fardeau supplémentaire à la poursuite en la critiquant de ne pas avoir réussi à dépeindre Fera comme un homme cruel qui aurait tué son épouse et envoyé sa belle-mère sur la scène de crime.
Cette preuve de « caractère » serait cependant inadmissible et « source d’erreurs judiciaires », juge la poursuite.
« Cela teinte l’ensemble de son analyse qui l’amène à conclure que l’intimé n’est pas le genre de personne qui a pu commettre le crime », allègue Me Dubois, qui croit que ces erreurs ont « inévitablement entraîné l’acquittement ».
« L’impossibilité de l’intervention d’un tiers nécessite de substituer un verdict de meurtre au deuxième degré », conclut la poursuite.
Si la Cour d’appel renversait la décision en optant pour un verdict de meurtre au deuxième degré, Fera écoperait automatiquement d’une sentence minimale d’incarcération à perpétuité.