TikTok: et si Trump avait raison?
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J’ai critiqué le candidat et le président Trump en raison de son attitude, de ses déclarations et de plusieurs de ses actions, mais dans le dossier de TikTok, on dénombre de plus en plus de politiciens et d’experts qui se rangent à son avis.
TikTok représente un danger, les données pouvant être remises aux dirigeants de la Chine. On invoque des motifs de sécurité nationale.
Projet de loi républicain
Le sort de TikTok défraye encore une fois la chronique parce que les républicains Marco Rubio (Sénat) et Mike Gallagher (Chambre des représentants) déposent un projet qui aurait pour effet d’interdire TikTok aux États-Unis. À la Chambre, le démocrate Raja Krishnamoorthi vient appuyer son collègue Gallagher, ce qui confère au projet un caractère bipartisan.
Bien avant cette tentative au Congrès, le président Trump avait tenté de bloquer le réseau social, se butant aux décisions des tribunaux. En agissant trop rapidement, le 45e président n’a pas suffisamment soupesé les limites de ses pouvoirs.
Au-delà des limites de son autorité, Donald Trump a répété une erreur commise lors de l’épisode impliquant les immigrants qui provenaient de pays majoritairement musulmans. On avait dû remanier les deux premières versions pour se conformer au cadre légal.
Inquiétudes du FBI et du département du Trésor
Contrairement à l’ancien président, les porteurs du nouveau projet jouissent d’appuis ou d’avis qui rejoignent les inquiétudes manifestées par Trump.
La secrétaire au Trésor, Janet Yellen, tout comme le directeur du FBI Christopher Wray ont tous les deux exprimé leurs craintes quant à la sécurité des données partagées sur TikTok. Il faut rappeler que le réseau social a été condamné à payer une amende record de 5,7 millions de dollars pour une collecte illégale de données de mineurs.
À l’intérieur du Sénat, même le responsable démocrate de la commission sénatoriale du renseignement reconnaît désormais la légitimité des craintes de Donald Trump.
La fin de TikTok aux États-Unis?
Il est trop tôt pour savoir si on trouvera suffisamment de membres des deux Chambres pour appuyer le nouveau projet de loi, mais même si c’était le cas, ce ne serait pas la fin de la saga.
Il y a fort à parier que cette loi entraînerait de nombreux recours devant les tribunaux. Même si on invoque la sécurité nationale, il faut démontrer les risques et justifier les nombreuses questions liées à la liberté d’expression.
Qu’il s’agisse de TikTok, des distributeurs Apple et Google ou encore des consommateurs, tous ont des droits. L’interdiction pourrait donc être anticonstitutionnelle.
Dernière remarque sur cette relance de l’interdiction: en interdisant TikTok, les législateurs imposeraient à l’internet américain un contrôle qui ressemblerait drôlement à celui qu’on reproche à la Chine d’exercer. Interdire TikTok constituerait un premier pas dans une direction que nous préférons habituellement éviter. Et puis, pour la sécurité des données, Edward Snowden a démontré que les Américains ont déjà des motifs de se méfier de leur propre gouvernement...