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Cibles d'ici 2030: blitz de négos entre ministres à la COP15

Des sujets épineux doivent encore être discutés avant de parvenir à un accord

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Photo AFP 17 000 personnes participent à la COP15 à Montréal jusqu’à lundi, ce qui en fait la plus importante Convention sur la diversité biologique de l’histoire.

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Les délégués rassemblés à la COP15 sur la biodiversité n’ont plus que quelques jours pour se mettre d’accord sur des cibles et des moyens de sauver la nature d’ici 2030.

La pression se fait sentir alors que les ministres de l’Environnement de 126 États sont arrivés à Montréal ce jeudi pour un dernier blitz de pourparlers.

Leur but ? Adopter lundi un « cadre mondial de la biodiversité pour l’après-2020 » ambitieux, comportant 22 cibles concernant autant la protection du territoire que l’usage des pesticides.

Voici un survol des enjeux qui ne font pas encore l’unanimité. 

Les effets néfastes des entreprises divulgués 

Si une cible sur la transparence était adoptée dans le Cadre mondial, toutes les grandes entreprises devraient dorénavant dresser la liste des effets néfastes qu’elles ont sur la biodiversité.

Deux camps se dessinent sur cet enjeu, rapporte Eddy Pérez, du Réseau Action Climat. Il y a ceux qui voudraient que cette divulgation soit volontaire, et d’autres, qu’elle devienne obligatoire.

« Certains disent aussi que ce serait imposer une concurrence déloyale aux entreprises des pays en voie de développement, où ça serait très difficile à mettre en œuvre », complète Alice de Swarte, de la Société pour la nature et les parcs du Canada (SNAP).


Le fameux 30 x 30 

Jusqu’à présent, 116 pays, dont le Canada, se sont engagés à conserver 30 % de leur territoire terrestre et marin avant 2030. Mais tous les États ne sont pas prêts à faire de même.

Les plus hésitants se questionnent sur la façon de définir la protection d’un territoire, les activités à exclure de ces zones et les endroits à grande valeur écologique à prioriser.

La question de la reconnaissance des droits des peuples autochtones est aussi primordiale, affirme Irène Wabiwa, cheffe de projet pour Greenpeace Afrique.

« Les pays qui veulent moins de 30 % de conservation sont minoritaires », précise toutefois Alice de Swarte, directrice principale de la Société pour la nature et les parcs (SNAP) du Québec.


Un peu ou beaucoup moins de pesticides ? 

Une autre cible prévoit une réduction de deux tiers de l’usage de pesticides, et de moitié des engrais chimiques d’ici 2030.

Cependant, les objectifs chiffrés et les unités de mesure font l’objet d’âpres négociations entre les parties, rapporte Alice de Swarte, qui les suit de près.

« Le diable est dans les détails. En ce moment, les délégués sont en train de demander s’ils devraient tenir compte de la substance, de la quantité, ou des rejets dans l’environnement », explique-t-elle.

Il est très possible que le texte final ne comporte pas de cibles chiffrées, au grand désarroi de Mme de Swarte.

« Sans cible chiffrée, un objectif est beaucoup moins robuste. Ça devient plus un vœu pieux. »

Le Canada a refusé plus tôt cette semaine de préciser sa position sur l’enjeu des pesticides au Journal, alors qu’il n’a pas de cible nationale de réduction.


Des subventions remises en question 

Les pays doivent décider dans quelle mesure ils s’engagent à réduire leurs subventions à des entreprises nuisibles à la biodiversité, un engagement que le Canada soutient.

Cela inclut bien entendu l’industrie fossile, mais aussi l’agriculture, les pêcheries et l’industrie forestière.

Une ébauche du texte évoquait une réduction graduelle de 500 G$ US (soit 687 G$ canadien) par année, qui pourraient être redirigés vers des initiatives bénéfiques à l’environnement.

« Mais après, il y a la question de l’équité », souligne Eddy Pérez, responsable de la diplomatie climatique internationale au Réseau Action Climat.

« Quelles subventions on retire en premier ? Les plus néfastes ? Celles qui ont le moins d’effets sur la population ? Et comment on le fait de façon équitable entre les régions ? » demande-t-il.


L’argent, le nerf de la guerre 

S’il y a un enjeu qui achoppe pendant cette COP, c’est celui du financement.

Les pays du Sud, riches en biodiversité, estiment qu’il leur faudrait 100 milliards de dollars par année pour mettre en œuvre les objectifs convenus dans le Cadre mondial.

Sauf que le financement présentement sur la table est « totalement insuffisant », selon Eddy Pérez.

Des pays donateurs, dont le Canada, ne se sont engagés qu’à verser 5,33 milliards de dollars au Fonds pour l’environnement mondial dans les derniers jours.

De plus, les avis divergent concernant la façon d’acheminer cet argent aux pays en développement.

Le ministre de l’Environnement Steven Guilbault croit entre autres qu’il faudrait privilégier les mécanismes existants, tandis que les pays du Sud exigent la création d’un nouveau fonds consacré uniquement à la biodiversité.

Ils ont d’ailleurs claqué la porte d’une réunion plus tôt cette semaine en guise de protestation à la fermeture à cette idée.

« Le risque, c’est qu’on ne comprenne pas qu’il n’y aura pas d’accord pour la biodiversité sans soutien financier pour le continent africain », laisse tomber M. Pérez, en évoquant des enjeux similaires à la plus récente COP27 sur le climat.

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