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Passer Noël à l’hôtel coûte jusqu’à 40 % plus cher qu’il y a trois ans

Les hôteliers font pourtant d’énormes efforts pour réduire leurs coûts d’exploitation

GEN - DEVANTURE DE L'HÔTEL BONAVENTURE
Photo Martin Alarie L’hôtel Bonaventure, dans le centre-ville de Montréal.

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L’inflation s’invite aussi à l’hôtel pour les fêtes, alors que le prix des nuitées a bondi de 10 % à 40 % depuis 2019, dernière année où l’on a pu se réunir sans contraintes avec nos familles pour les célébrations.

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Dans les destinations les plus courues à l’occasion des fêtes, comme Québec et Charlevoix, il n’est pas rare de voir des prix dépassant les 300 $, somme à laquelle il faudra ajouter les taxes et parfois, le stationnement. 

« Les hôteliers ont souffert énormément pendant la pandémie. Plusieurs ont encore des problèmes de liquidités et d’endettement, en plus de la pénurie de main-d’œuvre. Il y a beaucoup de préoccupations, mais la clientèle est au rendez-vous, alors ça donne espoir », a expliqué Alupa Clarke, DG de l’Association hôtelière de la région de Québec.

Pour faire face à la hausse des coûts d’exploitation, les hôteliers cherchent toutes sortes de stratégies.

« Il y a un contrôle serré des coûts, puis certains ont opté pour le ménage des chambres sur demande seulement et d’autres demandent aux clients de séjourner au minimum deux nuitées », observe Véronyque Tremblay, la PDG de l’Association Hôtellerie du Québec. 

L’Hôtel Le Germain à Baie-Saint-Paul exige deux nuitées. Un couple avec deux enfants devra payer 395 $ la nuit pour y séjourner du 24 au 26 décembre. À 262 $ la nuit, La Pignoronde restait cette semaine une des options les moins chères dans Charlevoix pour le réveillon. 

Plus cher à Québec qu’à Montréal

Le Hilton de Québec, nouvellement rénové. C’est dans la métropole et dans la capitale nationale que les hausses de prix sont les plus marquées.
Photo Stevens LeBlanc
Le Hilton de Québec, nouvellement rénové. C’est dans la métropole et dans la capitale nationale que les hausses de prix sont les plus marquées.

À Québec, l’Hôtel Palace Royal au centre-ville affichait des prix autour de 330$. Le Hilton rénové démarre à 388 dollars. Tout près, le Concorde paraissait une aubaine à 234 $ avec piscine intérieure.

Les tarifs hôteliers fluctuent selon la demande qui reste forte à Québec au temps des Fêtes, malgré l’inflation qui pousse les prix nettement au-dessus de ceux observés à Montréal. 

« Lors des dernières années prépandémiques, la période entre Noël et le jour de l’An a toujours été très achalandée à Québec. Les taux quotidiens observés se situaient entre 80 % et 90 %, souligne Jenna Dubé de Destination Québec cité. Pour cette année, nous nous attendons encore une fois à une période achalandée, surtout avec l’offre et l’animation prévues dans la région. »

Les taux d’occupation à Montréal au temps des Fêtes sont traditionnellement plus faibles qu’à Québec. Ainsi, la nuit du 24 coûtera 229 $ au Bonaventure, 193 $ au Holiday Inn centre-ville et 242 $ au Hilton Double Tree du Complexe Desjardins.

Clients résignés

Les hausses de prix les plus fortes, soit entre 30 % et 40 %, sont surtout observées à Montréal et à Québec, selon l’Association Hôtellerie du Québec. 

« Le monde fait avec les hausses de tarifs. On sait que tout a augmenté et les gens sont comme habitués », estime Jean-Sébastien Boudreault de l’Association hôtelière du Grand Montréal, ajoutant que les Américains et les Européens, avec leurs devises fortes, sentent moins l’augmentation.

TARIF MOYEN D’UNE NUITÉE EN PÉRIODE DE FORT ACHALANDAGE *

QUÉBEC :

2019 : 221 $

2022 : 266 $

+ 17 %

MONTRÉAL :

2019 : 198 $

2022 : 255 $

+ 22 %

* Données de juillet 2022

De nombreux défis pour l’industrie

La moitié des hôteliers du Québec n’ont pas retrouvé le niveau d’achalandage d’avant la pandémie, tandis que l’inflation, la pénurie d’effectifs et un contexte économique incertain les placent devant l’adversité en continu. 

Les coûts de la nourriture, pour les hôtels qui ont des restaurants, sont ceux qui exercent la plus grande pression, mais viennent tout près les frais de buanderie et la hausse des salaires provoquée par la pénurie de main-d’œuvre. La rénovation est aussi un poste de dépenses qui a bondi avec l’inflation et les hôteliers qui ont dû renouveler leur hypothèque en 2022 sentent aussi un impact considérable sur leurs coûts d’exploitation. Cela explique qu’ils doivent refiler la note aux clients, mais l’enjeu préoccupe l’Association Hôtellerie du Québec.

« C’est beau monter les prix, mais jusqu’où peut-on le faire avec une récession qui se dessine ? » se demande la PDG Véronyque Tremblay.

Gros déficit d’effectifs

La pénurie de main-d’œuvre cause un manque à gagner, car les hôteliers sont souvent forcés de réduire leur capacité d’accueil. Les deux tiers d’entre eux fonctionnent avec un déficit de personnel de 10 %, parfois plus.

« La main-d’œuvre est la plus grande crainte en 2023 », souligne Mme Tremblay.

L’Association hôtelière de la région de Québec se donne pour mission de recruter 1500 travailleurs étrangers, principalement en Tunisie, d’ici 2026, afin de combler les besoins et de continuer d’offrir une qualité de services. 

« On se prend en main en faisant face à un problème et on veut que le gouvernement nous appuie au plan administratif et avec de l’aide financière », plaide le DG Alupa Clarke.

Mme Tremblay estime par ailleurs qu’il y a beaucoup d’efforts à déployer pour attirer des jeunes vers les écoles d’hôtellerie. Le secteur, précise-t-elle, a de belles carrières à offrir.

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