Craig Anderson, top 10 à 41 ans
Moffet

À 41 ans, l’increvable Craig Anderson continue d’étonner. Son jeu est si simple, si efficace et si lucide, qu’il fait la barbe aux jeunes et avec une telle économie de gestes que c’en est à la fois insolent et artistique.
Tous les gardiens de but devraient scruter à la loupe le vénérable cerbère des Sabres de Buffalo et en tirer des leçons pendant qu’il est encore temps. Quel phénomène ! Le jeune quadragénaire occupe le 10e rang de notre classement.
Ses débuts dans la LNH remontent à 2002 alors que Juraj Slafkovsky n’était même pas né.
C’est un privilège de le voir à l’œuvre 20 ans plus tard, à une époque où plusieurs sont au bout du rouleau vers les 34, 35 ans.
Anderson a frôlé le match parfait le 13 décembre à Buffalo où, sur 40 tirs des Kings de Los Angeles, il n’a alloué qu’un seul rebond dangereux dans un blanchissage de 6-0.
C’était de toute beauté. Du grand art.
L’approche minimaliste
La forme d’art d’Anderson c’est le minimalisme. Ou si vous préférez, le réductionnisme. Il réduit tellement le nombre de flexions des genoux, de contorsions au poteau (RVH), et de gestes inutiles, qu’il préserve son corps sans rien perdre en efficacité.
Il est patient, stable, reste longtemps sur ses pieds, repère les joueurs libres et utilise des stratégies comme sa position pré-RVH, attendant calmement au centre de son filet avant de s’entortiller autour du poteau si nécessaire.
Les jeunes ont tendance à trop bouger, mais une exception à surveiller est le Suisse de 23 ans des Devils, Akira Schmid. Et devinez quoi ? Schmid est le plus efficace de la LNH contre les chances de marquer très dangereuses avec un taux de ,806, soit 13,8 % au-dessus de la moyenne de ,688. Anderson est troisième à ,781 selon Clear Sight Analytics. L’économie de mouvements, ça fonctionne.
S’entraîner à anticiper
Il y a une intelligence supérieure et une discipline derrière tout ça. Anderson avait expliqué en 2012 à un ancien espoir des Sénateurs, François Brassard (auteur d’un but, dimanche avec les Mariners du Maine de la ECHL), comment il exerçait son sens de l’anticipation dans les entraînements.
Plutôt que de focaliser sur la rondelle au moment du lancer, il observait les épaules, les bras et les mains du joueur afin de déceler des indices l’aidant à prévoir la trajectoire du tir. Il excelle à détecter les intentions de passe ou de feinte.
Ça explique en partie pourquoi il semble toujours être une fraction de seconde en avant du jeu. Un gardien a beau avoir une technique parfaite, c’est inutile sans une bonne lecture du jeu et sur ce point, Anderson est un maître.
Il n’a jamais eu la réputation d’un Henrik Lundqvist ou d’un Carey Price, mais il les a tout de même battus, voire éclipsés, en séries éliminatoires dans ses belles années à Ottawa.
Les étoiles de la semaine
Anderson (2-0-0/,972/1,00) est notre première étoile de la semaine, suivi de Jake Oettinger (2-0-0/,973/1,00) et Igor Shesterkin (2-0-0/,962/1,00). Shesterkin (Rangers) semble avoir retrouvé sa forme de lauréat du trophée Vézina. Linus Ullmark (Bruins) conserve la tête de notre classement.